b- Musulmanes (11/1994)
Les Musulmanes
entre Sardou et Bayrou
Durant la “fête” du foulard, on n’a pas vu Michel Sardou voler au secours des “Musulmanes” des lycées ! D’abord faut-il rappeler que dans les années 80, cet espèce de femelles était, dans l’imaginaire lyrique et combien exotique de Sardou, menacée par l’extermination physique; d’où l’exploit salutaire et solitaire du chanteur, qui, lors de son vol de jour sur Terre des hommes Maures, et à défaut de sauver la musulmane du bled, arrive quand même à sauver, par son “clip”, la petite fille de celle-ci, et l'éloigner de la rage balistique des pères et des “FIS” anti-Saint-Exupéry. Toujours dans le clip, la fillette sauvée par le comédien chanteur devient une beurette non voilée et, accompagnée par son sauveur, elle effectue quelques années plus tard, une visite funèbre à sa mère enterrée quelque part. Histoire “gourde” de significations ambiguës !
Dés lors, une question que “l’Indiana Johns” des clips français devrait se poser à présent: Comment est-ce possible que ma beurette, hier sauvée par mon vol héroïque, de la menace physique, se prive, aujourd’hui par le voile islamique, de physique et de métaphysique ?!
L’affaire de ces musulmanes, voilées par leurs pères ou par leurs peurs d’être culturellement violées, devrait interpeller “l’aviateur” qui, semble-t-il et jusqu’à preuve du contraire, n’a pas connu le même sort que l’auteur du Courrier du Sud.
En tous cas, par sa circulaire de fer, l’intransigeant Bayrou a, s'emble-t-il, négligé le “clip” ostentatoire de Sardou. Dévoiler la pensée du chanteur islamo—féministe sur cette affaire nationale, n’est cependant pas moins important que de dévoiler ces Musulmanes de Jules Ferry. Faudrait-il, sinon, une autre circulaire Toubon, cette fois-ci, pour que Sardou rime avec Bayrou ?!
A l’instar du geste de ce qui reste de l’extrême Gauche française, qui n’a pas hésité (avec des intentions électorales non voilées) à soutenir de très près, les musulmanes en piquet de grève de la faim, je me demanderais si Sardou n’était pas déjà en train d’envisager un vol au-dessus des “mies” des cocos islamophiles!
Va-t-il enfin s’occuper de ces fillettes, naguère séduites par ses prouesses du clip saharien et aujourd’hui délaissées par les maîtres et les chanteurs ? Va-t-il les aider à surmonter leur crise d’identité spirituelle au lieu de se laisser emporter par un harmattan en vue de tomber sur une hypothétique Shéhérazade fuyant un hypothétique harem ?
Je n’invite pas le chanteur des “idées et du pétrole” à faire le Baron Noir d’une cause déjà perdue; Je ne serais pas sadique à ce point. Mais, toujours est-il nécessaire de rappeler qu’il ne vaudrait pas jeter le voile sur une vérité historique, concernant l’imaginaire occidental que Sardou traduit fort bien et qui fait de la musulmane une femelle menacée par le mâle qu’elle-même met au monde.
Le foulard chez les musulmanes d’aujourd’hui n’est qu’une réaction tardive et anachronique au paternalisme colonial. Les “Musulmanes” de Sardou n’ont rien à voir heureusement avec “Laziza” du feu Balavoine, exemple éloquent d’une harmonie d’amour et du mystère poétique.
Mohamed RAFRAFI
Novembre 1994
L'affaire du voile
Une controverse sur le voile islamique a éclaté en octobre 1989 lorsque trois jeunes filles refusèrent d’enlever leurs voiles islamiques en classe au collège Gabriel Havez de Creil. En Novembre 1989, le Conseil d'État jugea que le port du voile islamique, en tant qu’expression religieuse, dans un établissement scolaire public, était compatible avec la laïcité. En décembre, le premier ministre Lionel Jospin publie une circulaire, statuant que les enseignants avaient la responsabilité d’accepter ou de refuser le voile en classe, au cas par cas.
En Janvier 1990, trois filles sont exclues du collège Pasteur de Noyon (banlieue nord de Paris). Les parents de l’une des filles exclues du collège Gabriel Havez portent plainte pour diffamation contre le principal. Suite à ces événements, les enseignants d’un collège de Nantua se mettent en grève contre le port du voile islamique à l’école. Une seconde circulaire ministérielle rappelle le besoin de respecter le principe de la laïcité dans les écoles publiques.
En septembre 1994, une nouvelle circulaire, la « circulaire Bayrou » est publiée, faisant la différence entre les symboles « discrets » pouvant être portés en classe, et les symboles « ostentatoires » (dont le voile islamique) devant être interdits dans les établissements publics. En octobre de la même année, une manifestation est organisée par les élèves du lycée St. Exupéry de Mantes-la-Jolie, en faveur de la liberté de porter le voile en classe. En novembre, 24 filles voilées sont expulsées de ce même lycée, et du lycée Faidherbe à Lille.
De 1994 a 2003, 100 filles environ ont été exclues de collèges et de lycées publics pour port de voile islamique. Dans un cas sur deux environ, ces expulsions furent annulées par les tribunaux.
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Voile_islamique_en_France
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