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k- Amalgame (12/2001)

ARABISATION ET AMALGAME
Les médias français, sont quasi unanimes — et de quelle façon ! — sur la gravité des événements autour de la berbérité et de l’arabisation en Algérie. Un journaliste invité à LCI, a presque taxé le pouvoir algérien d’islamisme en arabisant l’Algérie. Un commentateur sur une autre chaîne, signale que les algériens parlent depuis toujours trois langues: le berbère, le français et l’arabe. Une façon de dire que l’arabisation est antidémocratique. Et les réactions se succèdent et ajoutent du fuel sur le brasier algérien déjà attisé depuis une décennie.
Loin de faire l’éloge du pouvoir en place ni de minimiser l’importance d’une langue aussi autochtone que séculaire, celle d’un peuple qui se nomme Amazigh (Homme libre), Berbère (de barbare) par les romains, et Kabyle (tribus), par les arabes, l’arabisation, déjà entamée depuis l’indépendance, mais arbitrairement et partiellement appliquée, ne pourrait qu’unifier une Algérie plus que jamais menacée de dislocation. Sans parler des retombées néfastes sur les voisins (Mauritanie, Maroc, Tunisie et Libye) eux aussi arabes et arabisés, malgré sa part à chacun, de «berbérité», notamment au Maroc où la langue arabe (Officielle) fait bon ménage (non moins officiel) avec les langues berbères (Chleuh, Sanadja, Zénète, Tafilalet..) qui jouissent d’une grille médiatique digne d’exemple pour une Algérie plus tolérante.
Le même invité de LCI, considère l’arabisation comme une sorte de fondamentalisme, tout comme si la France, dit-il, imposerait par exemple l’usage du Latin (comme langue de l’Église catholique) à tous le monde.
Faut-il tout d’abord souligner que l’arabisation (jadis politico-militaire et anti-Ottomano-Turque; d’ailleurs la Turquie, plus tard, graphiquement latinisée, est restée musulmane) avait conduit les intellectuels arabo-chrétiens d’Orient d’entre les deux Guerres, à prôner l’arabité comme entité culturelle laïque dans laquelle se reconnaîtraient les arabes de toutes confessions, musulmane, chrétienne et hébraïque, voire même les minorités du Monde Arabe, kurdes, arméniens, Turkmènes, berbères…
Le fait que dans le Maghreb, n’existent pas de Chrétiens arabes, l’amalgame (A props: amalgame est un mot français d’origine arabe: al-malgham) entre arabité et islam est très courante chez les musulmans du Maghreb, mais aussi chez les français et les espagnoles notamment, ce qui avait toujours irrité les Berbères, qui se réclament musulmans mais non pas arabes (Bien que les berbères soient historiquement protosémitiques et non pas celtiques comme l'auraient voulu certains historiens européens).
Le directeur du Centre Culturel Algérien à Paris, a évoqué sur Radio Orient ce que vient à l’esprit de quiconque en comparant le problème berbère à ceux des Basques, des Bretons ou des Corses. Se coupant de la francité régnante, ces derniers risqueraient un étouffement suicidaire aussi bien économique que culturel, et priveraient leurs futures générations de lire dans la langue d’origine (en l'occurrence: le français) la pensée et la littérature des Lumières, modernistes et post- modernistes. Cette pensée et cette la littérature, qui, à ma connaissance ne sont pas traduites dans les langues minoritaires (basque, bretonne…etc.) ont été presque entièrement traduites en arabe tout au long du XXème siècle.
A l'instar des Rois Normands de Sicilie qui, étant conquérants, n'avaient cependant pas hésité à pratiquer la langue arabe, considérée alors comme langue de civilisation; les berbères maghrébins auront toujours besoin de l’arabe ne serait-ce que pour lire et psalmodier le Coran s’ils tenaient vraiment à leur Islamité. Ils ont besoin du moins de l’arabe simplifié dit moderne que toutes les administrations et les médias arabes utilisent depuis toujours. C’est le gage d’un Maghreb arabe harmonisé, riche de spécificités linguistiques et ouvert par le français, l’espagnol et l’anglais à un monde de plus en plus mondialisé. L’idéal c’est entre-autre de traduire par exemple les films étrangers et en arabe et en berbère, comme c’est paradoxalement le cas en Israël ou les films sont doublement sous-titrés en hébreu et en arabe.
RAFRAFI
12/2001

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