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e- La petite lessive (1/1996)

La petite lessive

Après tant d’années d’Apostrophe et de Bouillon de culture, on pourrait tout de même, s’offrir une histoire bien ficelée par celui qui savait lire les fictions et dialoguer avec leurs auteurs. Fidèle à lui-même et à sa «famille» (professionnelle), Bernard Pivot ne pouvait faire autrement que de puiser dans la réalité télévisuelle qu’il connaît fort bien pour nous proposer un polar convenable. Peut-être aurait-il pu faire mieux, mais le Cœur de cible réalisé par Laurent Heynemann, est suffisamment à la hauteur du sens critique de son scénariste.
Évitant de banaliser l’intrigue policière, Pivot l’a bien fini par un dénouement antinomique. Le message moralo-romantique de ce dénouement (dévouement meurtrier pour le Téléthon) n’a pas, toutefois, camouflé l’autre message de base, exprimé tout au long du téléfilm qui est de sauver la culture (chère à Pivot) victime de l’audimat populiste et de la médiocrité de la télévision. Message qui aspire à laver, au moins, aussi blanc que le «détergent» anti-cathodique du Professeur, joué par Bourvil, dans La Grande lessive de Jean Pierre. Mocky.
Inspiration ou pas, "Cœur de cible" renouvelle presque le même souci de Mocky mais avec bien sur une histoire différente plus moderne et aussi satirique. Reste à signaler qu’en dépit de la discrétion vocale de Francis Huster (pourtant ténor des planches) un commissaire Baudrillard (tout à fait) nouveau est arrivé pour jouer l’antihéros d’un Navarro impulsif ou d’un Nestor Burma passionnel. Si l’information d’Armelle Cressard (le Monde, Radio-Télévision du 8 au 14 janvier 1996) sur une éventuelle «suite des aventures du tandem Huster-Garcia», se confirme, ceci marquerait un retour nostalgique à la modestie de Bourel des "Cinq dernières minutes" et à la sobriété de Maigret de Simenon.
Quant aux vedettes (dont B. Pivot) du petit écran, heureuses élues d’un casting télévisuellement narcissique, elles auraient pu faire un peu plus que de la figuration, si seulement Heynemann était moins exigeant. Bien que faisant l’exception, Bruno Masure aurait pu, par exemple, lancer un de ses fameux dictons ou bien évoquer son ami et collègue Joseph Poli, et avec un Sérillon plus souriant à sa fameuse façon, cela aurait rendu leur apparition dans le téléfilm plus cohérente et plus appropriée.
Après Tchernia, Polac et Mitterrand (neveu), réalisateurs parfois de fortune, voici le Pivot scénariste, pourvu que cela dure... Et bon courage PPDA.
RAFRAFI
Janvier 1996

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Publié dans Dits et Inédits | Lien permanent