vendredi, 29 avril 2016
Tweets poétiques
Je vous propose ci-après une traduction en français faite par Hédia Dridi, d'un florilège de mes tweets sur la poésie, écrits en arabe sur mon compte twitter (@rafrafi_med), et auparavant republiés (en arabe) sur ce blog dans une note intitulée : Poésie gazouillée
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Le temps de la narration est parallèle à celui de son lecteur;
Le temps de la poésie est, soit gravé dans le temps de son lecteur, soit croisé.
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Dans mon sang, la poésie est entre oxygène et fer.
Quand j’étouffe, elle s’oxyde, et quand je m’énerve, elle rougit. Sous la tension, elle souffre; par la blessure, elle saigne et de sucre elle se nourrit. Le cœur est sa cuisine, le cerveau est son salon.
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Dans la douleur, je me tourne vers la poésie, quémandant son renfort.
Dans la joie j’en reviens couché sur son écume.
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La poésie est le point d'intersection d’expériences, de connaissances, d’arts, de mythes et de folies, ainsi se doit-elle, donc, être ou ne pas être.
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Si l'on imaginait les arts, dans leur diversité: musique, danse, peinture, sculpture, narration, théâtre, cinéma, etc., comme clientèle d’un restaurant, l’art poétique serait le propriétaire du restaurant, son chef cuisinier et son serveur.
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Les rites de la lecture :
Dans la narration, je cherche du poétique;
Dans la science, je cherche du philosophique;
Dans la philosophie, je cherche tout;
Mais, dans la Poésie je ne cherche rien, je trouve ou je ne trouve pas.
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Le Narcisse de la poésie est transparent et non pas blanc comme la mort. Ainsi est-il imperceptible par nos sens, perceptible par le silence.
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Dualité :
La pensée te salue ou te gifle..
La poésie ne point que pour t’étreindre.
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Dans la fragilité du poète réside la force de la poésie..
La fragilité du poète est le ciment du monde qui ne cesse de s'effondrer.
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La poésie se refuse de me rendre visite qu’en habit somptueux, comme un Roi qui aime son peuple. Elle s’introduit dans ma pauvre cabane, et je ne trouve rien de bien séant à lui offrir que mon alphabet.
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La poésie est ma route sans feuille de route, menant à je ne sais ni ne saurais ni ne voudrais savoir où.
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Dans ce monde, le rapport du poétique au prosaïque, est comparable au rapport des gaz rares à l'azote; sachant que ces gaz rares sont les plus purs, les plus légers et les plus élevés dans l'atmosphère.
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L'alchimie de la poésie:
introspection de mystique
+ doute de philosophe
+ délire de fou
+ douceur d’amant
+ étonnement d’enfant
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= Un concentré de poète
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La poésie est le lait du commencement et la croix de la fin.
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En poésie, ne cherchez ni idée ni moralité ni information ni conseil... car, à l'instar de la passion, la poésie est comme l'eau, faite pour s'en désaltérer, s'y baigner ou.. s'y noyer.
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La poésie est le chemin le plus herbé entre deux solitudes arides.
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Par la poésie le verbe se feuille dans l'arbre de la langue, et le poème tombe comme une pomme sous l'effet de la pesanteur du cœur.
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Les mots de poésie sont des cellules-souches dans le corps du langage.
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Parler de poésie c’est comme parler d’amour.. c'est délicieux et fugace tel la galopade d'un enfant dans un jardin.
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Quand vous lisez de la poésie, n'y cherchez pas une idée, une moralité ou une information;
Si la poésie ne contenait que cela, elle ne serait pas de la poésie mais de la prose;
Comme tous les arts, la poésie est source d'émerveillement, d'excitation et de plaisir.
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Si on mélangeait la poésie avec l'idéologie
la primauté serait pour cette dernière;
Tout comme en battant un blanc d'œuf avec son jaune
on obtient un mélange jaunâtre.
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Traduction de l'arabe par Hédia Dridi
RAFRAFI
23:01 Publié dans Art, Blog, Pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
lundi, 07 octobre 2013
La Damascène
Son nom est Katia Rasem, poétesse et blogueuse, Damascène d’appartenance, de séjour et de souffrance. Récemment arrêtée par les flics de Bachar, en raison de ses critiques de ce qui se passe en Syrie sans aucun parti pris politique de sa part mais seulement humain. Elle vient d’être libérée après qu’on lui a fracturé sa main droite pour l’empêcher d’écrire sans se rendre compte qu’elle est déjà gauchère.
Je vous propose ici ma traduction de son premier billet de blog publié juste après sa libération où elle décrit sa détention avec une plume trempée dans la douleur, l'honnêteté, l'intelligence et l’éloquence.
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La guerre n’est-elle pas un enfer?
"On t’a laissé seul sur la terre interdite sans allumettes même. La guerre n’est-elle pas un enfer?"
William Faulkner, Monnaie de singe (titre original : Soldiers' Pay)
Le mur me fait mal, la photo de l'assassin accrochée comme un sourire effronté au-dessus de la tête du général, me fait mal; la fenêtre, si petite comme un timbre collé sur une missive oubliée dans une certaine obscurité, me fait mal; le pied d’un fantassin heurtant le sol, par respect pour le tueur faisant mal au pays, me fait mal; les cris lointains et désespérés, tombant sur mon cœur tels des fouets affamés pour plus de douleur, me font mal..
Oui, ma main me fait mal, cher docteur, comme me feront toujours mal tous les mots que j'avais à dire et n’avais pas dit..
La scène est absolument identique à la première scène du roman "Monnaie de singe" de "William Faulkner":
Dans un train, allant à la guerre, des soldats imaginent des fleurs et des mères tendres qui les attendent dans des contrées lointaines, pour qu’à la lumière de leur imagination, ils puissent savourer leur mauvais vin!
Et pour nous, combien de belles choses devons nous imaginer pour oublier tous les trains que nous avons manqués?
Pour oublier toutes les guerres que nous avons vécues?
Pour oublier à quel point ce monde est vulgaire et minable comme une prostituée pour qui personne ne s'en soucie!
Le chasseur est prisonnier de son désir de proie,
tandis que la proie est libre.
J'ai essayé de les convaincre que je ne suis rien du tout,
que je suis
un insecte sur le face du monde qui comme un géant dormant d’un sommeil profondément effrayant,
le sang d’un tué dont personne ne fait attention à son cadavre,
un lampadaire éclairant une ruelle déserte dans un quartier pauvre,
un mot tombé par inadvertance duquel personne ne se soucie,
une vieille nouvelle,
une blague n'étant plus drôle
un clown n'ayant pas de public pour l'applaudir ni de larmes à verser pour nettoyer son visage de sa profonde tristesse,
un vide au cœur d'un vide, sans tête mais avec un ballon rempli de bla-bla, sans main mais un balai pour le néant,
un seuil où s’assoient la pauvreté, l'hiver et les vielles personnes désespérées,
un petit cierge dans le vent, une flamme mourante dans la longue nuit d'aveugle,
une impasse, un mauvais texte écrit par un poète ivrogne,
une légère poussière dont la mémoire est accablée d’absents,
une missive qui n’arrive pas, un sens qui ne se complète pas ... une voix sans paroles
etc.. etc
Personne ne m’a crue
Moi-même je ne me suis pas crue..
J’entendais le gémissement du geôlier et du bourreau,
J’entendais le pouvoir de silence du prisonnier-victime..
et me souviens de ce que disait Wadi’ Saada:
"Nous n’avons pas entendu les arbres crier sous les haches de bûcheron
mais le gémissement des bûcherons coupant les arbres"
Par :
Katia Rasem
Damas toujours
6 10 2013
Blog : http://katiarasem.blogspot.com/2013/10/blog-post.html?spr...
Twitter : @Badworld_1
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Traduit de l'arabe par
RAFRAFI
01:25 Publié dans actu, Blog, Politis | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
mardi, 22 juillet 2008
Petitesse
Après cette très longue absence, a priori inexcusable, mais que j’espère compréhensible au yeux de mes amis et de mes ex-fidèles visiteurs, je reviens en espérant retenir un rythme le moins brisé possible. Bien que je fusse à contrecœur retiré, sans préavis, de la blogosphère, je gardais comme même le contact avec l’actualité dont le rythme est plutôt infernal et la teneur est souvent intenable. Donc, beaucoup d’eau trouble a coulé sous le pont. Heureusement d’autres courants d’une eau plus limpide me traversaient de temps à autre, ce qui me permettait de revoir les choses autrement plus claires que celles formulées par l’espace-temps.
Une des réactions provoquées par ces courants et les contre-courants de toutes sortes, me poussait constamment à prendre des reculs par rapport à tout (ou presque): Et MOI dans tout ça!? Avant d’ajouter: et NOUS dans tout ça!? Oui NOUS, enfants d’Adam et d’Eve, en ce très bas monde immonde. Certes beaucoup partagent avec moi ce recul, quoique de plusieurs façons. Les moyens n’en manquent pas : la science, la pensée, l’art… Il suffit parfois d’une seule phrase, d’un seul geste, pour que l’on donne de l’air à la sérénité et à la modestie. A ce propos, j’ai reçu il y a quelques semaines un fichier PPS qui en dit plus long sur notre place dans cet univers, et qui dévoile notre pitoyable petitesse, même par rapport à l’infiniment petit.
Avant de vous laisser savourer cet agréable fichier, je tiens à remercier tous ceux qui ont commenté ma dernière note que ce soit pour échanger les vœux ou bien pour demander de mes nouvelles.
Cliquez le mot suivant pour télécharger le fichier. Renommez-le, si vous voulez, avant de l'ouvrir. N'ayez crainte, le fichier est bien sain et sauf.
L’infiniment…
RAFRAFI
22:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook | |
mardi, 10 juillet 2007
Tu parles !
Parmi les cinq clés pour réussir son blog que Le Journal du Net a recommandé voici environ deux ans, c'était de blogger régulièrement… Et plus les posts seront nombreux et réguliers, plus ils seront commentés. Et le Journal d'ajouter, Compter au minimum une à deux contributions par semaine, le rythme idéal étant toutefois deux à trois par jour …
Tu parles ! A moins que le bloggeur en question ne vit que pour blogger. En tout cas ce n'est pas le cas ni pour moi ni pour la plupart des bloggeurs que je fréquente irrégulièrement. Tout dépend de ce que le bloggeur attend de son blog et de ce qu'il y met ; et non pas de ce que les autres attendent de lui. On n'est pas là dans la logique de l'offre et de la demande.
Et puis, qu'est-ce que ça veut dire réussir son blog ?
Du moment que l'aspect lucratif n'entre pas en jeu –je suppose–, comment donc déterminer les critères de cette réussite présumée ? N'est-ce pas déjà une réussite pour un humble bloggeur – il y en a des milliers - que de n'avoir qu'un seul visiteur-lecteur-commentateur ? Ce même bloggeur pourra encore s'estimer amplement satisfait lorsqu'il découvre que le compteur dévoile d'autres visites en catimini. Ce qui est le cas dans tous les cas de figure blogosphériques.
L'important c'est lorsque le bloggeur se détache de toutes formalités exigeantes et ne se préoccupe que de ce que sa vocation lui dicte suivant son propre rythme. Ainsi se taire devient parfois un intervalle vital pour blogger. Tout comme en musique, le silence est intrinsèque voire inhérent au son. Si une pendule arrêtée donne l'heure exacte, deux fois par jour, selon le comédien-journaliste, José ARTUR, un blog arrêté sur une agréable note (post) sonne exacte plusieurs fois par jour.
Je ne vois pas de recette à suivre pour blogger. A chacun sa cadence, sa manière et le son de sa propre cloche. Pas la peine de sonner les cloches à quiconque. Certes, l'on s'inquiète parfois d'un silence brusque ou relativement long d'un bloggeur ami. Là, ça relève du domaine de l'humain et non pas du blogging. Pas besoin de mélanger les genres. Entre lancer une bouteille à la mer avec dedans une missive (une note de blog) et dialoguer avec une personne bien précise (de vive voix ou par écrit) la différence est de taille. Dans le premier cas, il s'agit d'une démarche anthologique, dans le deuxième, d'un acte anthropique.
Ceci dit, je ne peux que me réjouir de l'amitié désintéressée que le Net finit par tisser entre bloggeurs-bloggeuses. C'est le cas notamment avec MG qui m'a inspiré, voici un an et demi, une note autour de l'assiduité. A propos, entre la généreuse austérité de MG et la généreuse assiduité d'ARIAGA, je n'ai pas à choisir. Il ne s'agit ni de cigale ni de fourmi dans ce genre d'espace. C'est tout simplement une question de longueur d'onde.
"Le rythme idéal étant toutefois deux à trois par jour".
Tu parles !
RAFRAFI
14:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | |
samedi, 16 décembre 2006
Un an
Une première bougie que j'allume aujourd'hui dans la blogosphère par le présent blog RAFRAF. Un an déjà écoulé depuis la première note Encore un blog de plus, suivie d'une succession de notes thématiquement hétéroclites. Certaines marquent des moments personnels plus ou moins délicats sinon critiques: La cage… D'autres annotent des évènements graves: Guerre et Pax Americana, Beit-Hanoun, "Caricatures" papales… D'autres parlent de ce qu'il y a de plus simple et vrai : Enfance, Poésie...
Je ne sais pas si toutes les notes reflètent suffisamment l'ambiance de cette première année avec tout ce qu'elle comportait de beau, de moche, de vrai, de faux, de grave, de moins grave… ?
Ce que je sais c'est qu'elles traduisent plus ou moins mes états d'âmes, mes sentiments et surtout mes convictions que je pose sans les proposer ni les imposer à quiconque… de même pour le contenu de la colonne droite qui vient s'ajouter au profil du bloggeur que je suis.
Le plus attachant dans cette expérience, c'est le fait de gagner des rencontres que je qualifierais d'énième type... Des amitiés aussi bien intéressantes que désintéressées... Des amitiés sans frontières aucunes… Avec des bloggeurs qui partagent avec moi le même souci :
Échanger pour réduire les dégâts de la méconnaissance, de l'indifférence et de l'insouciance.
C'est ce que j'ai pu ressentir notamment avec MG (ami dès la première note), Wira, EL GRECO, Emy, Youkou, Samsoum…
Certes d'autres bloggeurs-visiteurs étaient plutôt plus réservés ou prudents, parfois distants et quelques fois antagonistes. Ce qui est tout à fait normal lorsqu'on s'ouvre tous azimuts. Une hirondelle ne fait pas le printemps : c'est ainsi que je conçois ce type de rencontres inopportunes.
Plus anonyme, le sondage que j'ai proposé à mes visiteurs durant les dix derniers mois, me servait de critère non moins révélateur. À la question "Que pensez-vous de mon blog? Le choix des réponses s'est traduit comme suit:
1. Excellent : 44%
2. Bon : 34%
3. Mauvais : 7%
4. horrible : 7%
5. Sans avis : 7%
Si je ne me base rien que sur les deux premières estimations, le blog obtient 78% des réponses positives. Elles sont favorables à la continuation, qui, toutefois, constitue toujours un défi. Sachant que les réponses sont arrivées des quatre coins du globe (notamment d'Europe, des Amériques et d'Afrique), le fait de continuer dans cette aventure, tout en préservant cette réputation, constitue aussi un enjeu à ne pas perdre.
Je n'ai rien à promettre à quiconque, sauf à moi-même, de rester moi-même pour que le blog ne perde pas le nord. Pour le reste, je laisse au hasard le soin de me fournir la vraie pâte à modeler. Mais je continuerai à m'adresser à mes chers visiteurs pour qu'ils me livrent par le biais des commentaires et aussi du sondage leurs impressions sur tel ou tel sujet. Ainsi je viens d'ajouter ce jour un nouveau sondage (voir colonne gauche) avec la question :
Qu'attendez-vous d'un blog ?
À vous convaincre
À vous surprendre
À vous apprendre
Tout à la fois
Rien de tout cela
Sans avis
Que vos prochaines visites me dopent pour que je puisse vous être "blogablement" et globalement agréable.
J'en profite, par ailleurs pour souhaiter un très bon anniversaire à SAÏDA, ma belle-nièce, qui coïncide agréablement à celui de RAFRAF.
SAÏDA, RAFRAF, et moi-même aussi, sommes nés sous le signe du Sagittaire. Pour moi c'était le 2 de ce mois-ci, pour eux, le 16 (aujourd'hui même). Le feu de ce signe de feu sera attisé par ce que V. HUGO décrit bien comme suit :
"La grande venue des vents vers la terre (qui) se fait aux équinoxes (...). Il y a des constellations qui signifient ces phénomènes, la Balance, le Verseau".
Et c'est bien le Verseau, signe d'air, celui de ma compagne HÉDIA, qui berce à chaque 4 février mon feu zodiacal.
Entre temps, je me permets (n'est-ce pas mon droit ?) de terminer cette note "sagittairement" par ce que dit le fameux astrologue, CURCIO sur ce signe :
"Mais un «Sagittaire» ne sent jamais ses forces diminuer, au contraire, plus il rencontre de difficultés, plus il se sent de taille à les surmonter"
J'aimerais bien y croire. Pas vous ?
RAFRAFI
15:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |