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samedi, 11 octobre 2008

Dubito ergo sum

Descartes_et_Kristina.jpgDu latin, pour dire: «je doute donc je suis». Axiome que le philosophe rationaliste français, René Descartes, a formulé avant d'arriver à sa fameuse conclusion Cogito ergo sum, «je pense, donc je suis». C'est le commentaire de l'ami blogueur Alsican, posé sur ma précédente note, qui m'inspire cette référence cartésienne. Pour Alsican, les doutes jetés par certains sur les attentats du 11/9 ne sont que des "âneries" à ne pas diffuser, sinon "les américains n'ont jamais marché sur la lune".
Si, mon cher Alsican, ils ont bien marché sur le sol lunaire, mais selon certains, cela n'exclue pas aussi le fait qu'ils auraient truqué (par contrainte technique de transmission Terre/Lune) les premières photos de cette aventure publiées à l'époque en vue d'épater leurs rivaux soviétiques (Guerre froide obligeait) ensuite égarées par la Nasa. Je ne vais pas jusqu'à nier cette grande prouesse, ce serait risiblement naïf; bien qu'il existe, ici et , qui n'y croit point.
Mais faire du 11/9 un évènement fétiche, c'est avaler les plus fallacieux prétextes de la guerre contre l'Irak (sur les introuvables armes à destruction massives et sur l'implication irakienne dans ce 11/9 funeste). Beaucoup de zones d'ombres sèment le doute sur ce dévastateur trou noir moral qui, dans ce sens, n'aurait, peut-être, d'équivalant que le dernier trou noir financier, né américain avant de devenir mondial.
Il m'est arrivé, certes, d'émettre des réserves sur certains discours (le plus souvent historiques, littéraires ou artistiques) qui, sous le couvert de la liberté d'opinion, dégage et propage une odeur de haine ou de dénigrement. Mais c'était tout simplement par souci d'honnêteté uniquement morale et aucunement métaphysique ni scientifique. Le caractère purement technique (l'incohérente chute des deux fameuses tours et l'absence des débris d'avion et de l'impact physiquement réel de ce dernier sur le Pentagone) était derrière cet allusion faite aux attentats du 11/9 tout au début de ma dernière note réservée à l'éventuel autre trou noir physico-euro-helvétique.
Pour revenir à Descartes, dans ses "Principes de la philosophie", je lis : "tandis que je doute, je sais que j'existe", principe psycho-métaphysique que les adeptes de la liberté de pensée, et combien sont-ils nombreux notamment en Occident, doivent constamment recycler et mettre à jour chaque fois qu'une idée libre se voit étouffer par telle ou telle inquisition. Et lorsqu'on sait que la démarche rationnelle de Descartes était entreprise dans le contexte des conséquences de l'affaire Galilée en 1633, on peut imaginer l'audace de ce philosophe qui dans sa "Recherche de la vérité par les lumières naturelles" n'hésite pas à interpeller ses lecteurs: "Prêtez-moi seulement votre attention; je vais vous conduire plus loin que vous ne pensez".Al-Ghazali.jpg
Un occidental mal informé se demanderait : qui c'est cet arabe qui vient nous donner des leçons de rationalisme et à la cartésienne pardessus le marché !? Au fait, je n'ai pas de leçon à donner à quiconque sinon à celui qui en a vraiment besoin. Oui, originaire d'une culture arabo-musulmane et doté d'une formation philosophique inachevée mais plus ou moins suffisante, j'affirme que je ne viens pas d'un vide rationnel. Avant de connaître Descartes, j'ai tout d'abord été imprégné par le rationalisme arabe, inspiré de la philosophie grecque et propagé par l'école des Mu`tazilites (vers 750) dont le fameux écrivain Al-Jahiz qui exhorta le doute comme méthode de pensée avec son dicton, largement réputé: "le doute est la voie vers la certitude".
À cette école de pensée, devenue principale dans la théologie islamique, appartenait aussi le fameux grand poète Abu-l-Ala al-Maari (973-1057), auteur d'une sorte de comédie divine "L'épître du pardon" () qui n'hésitait pas à qualifier la Raison d'Imam voire de prophète : "Ô dupe, si tu es dotée d'une Raison, suis la, car chaque Raison est prophète." Ou encore "Quant à la certitude, elle n'existe pas, mon ultime effort c'est de deviner ou de pressentir." Mais le rationaliste le plus controversé (converti plus tard au mysticisme) c'est Abou Hamid al-Ghazâlî (1058-1111) dont l'influence s'est étendue jusque sur les pensées juive et chrétienne en Europe. De sa pensée se sont inspirés Maïmonide, Pascal et notamment Descartes qui avait presque reproduit la démarche sceptique d'al-Ghazâlî, basée sur le doute et l'intuition. Selon al-Ghazâlî, "celui qui ne doute pas ne scrute pas, et celui qui ne scrute pas ne voit pas, et celui qui ne voit pas demeure dans la cécité et la perdition". Et sur une copie de la version latine d'Al-Munqidh min adhalâl, l'avant dernière œuvre d'al-Ghazâlî, trouvée dans la bibliothèque personnelle de Descartes, (traduit plus tard en français sous le titre "Erreur et délivrance" par F. Jabre, Beyrouth, 1959) le philosophe français a bien souligné en rouge une expression-clé du philosophe musulman "le doute est le premier des degrés de la certitude", et l'a annotée par ceci "À ajouter à notre méthode".Munqidh_min_al-dalal_(last_page).jpg
Que ce soit à travers "Voltairenet", " Bigard", X ou Y, toute idée mérite la considération tant qu'elle ne porte ni moralement ni physiquement atteinte à quiconque. Qu'une idée choque ou pas c'est par une autre idée qu'il faut la contredire ou la combattre. Il est par ailleurs à noter que le puritanisme intellectuel ne fait que dessécher la pensée. Et puis, "si l'idée, selon Einstein, n'est pas a priori absurde, elle est sans espoir." Il semble vouloir dire: espoir d'être un jour plausible.
RAFRAFI

Illustrations: - Descartes avec la reine suédoise Kristina, - Al-Ghazali, - Dernière page de manuscrit "al Munqidh_min_al-dalal" (Source: Wikipédia)

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