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lundi, 28 mai 2012
"Le chemin de Damas"
La tuerie de 116 personnes à Houla, dont 32 enfants, avec 300 blessés, dans le centre de la Syrie, qui a suscité une indignation arabe et internationale, et qui, nonobstant, a été suivie, deux jours après, par une autre à Hama, démontrent toutes les deux que le long chemin printanier vers Damas était déjà miné depuis son point de départ, et ce notamment par la position géopolitique de la Syrie.
Ce que le régime de Bachar dénomme une tierce partie (ou tantôt les rebelles, tantôt Al-Qaïda) à laquelle il impute les massacres, reste une thèse qui en fait ne peut pas tenir debout. C’est le leitmotiv qu’utilisaient naguère les homologues déchus de Bachar, à savoir les ex-despotes (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, Salah…)
Cette très difficile révolution syrienne qui se voulait dès le début être assimilée à celle des tunisiens et des égyptiens, semble être aujourd’hui confisquée par plusieurs parties. La plus imprudente d’entre elles est celle d’une certaine fraction de l’opposition syrienne (encore désunie), qui, à défaut d’une solution à la yéménite, elle revendique une autre « Otanisée » à la libyenne. Heureusement que le véto sino-russe et toujours là pour empêcher cette macabre issue. Curieusement, cette fraction brandit à cet effet «la nécessité de sauver le peuple syrien» ! Comme si les milliers de soldats du régime, avec leurs familles derrière, ne faisaient pas partie de ce peuple même !
Par ailleurs, «l'Armée syrienne libre», dissidente, qui essaie tant bien que mal de minimiser les dégâts en faisant face aux soldats du régime, n’arrive pas encore, et tant mieux d’ailleurs, à faire le poids avec l’armée régulière et les miliciens ("chabbiha") du régime. Sinon ce serait là non pas une guerre civile mais plutôt une guerre militairement classique entre deux armées surarmées, et le résultat serait des dégâts humains collatéraux beaucoup plus désastreux avec un risque de sécession en deux Etats non pas à la soudanaise (à dimension raciale) mais plutôt à la yéménite d’avant 1990 (à dimension religieuse-idéologique).
Que reste-t-il alors ? Il reste le peuple. Oui, le peuple, avec ses nombreux «comités de coordination de la révolution», avec sa jeunesse et ses élites de base, qui ne cesse de manifester jour et nuit, semaine après semaine, et ce depuis des mois. C’est à lui, tout seul, de continuer son action pacifique jusqu’à l’épuisement du pouvoir. Deux bastions restent toutefois à ébranler: Alep et Damas. Encore faut-il reconnaître que si ces deux grandes villes n’étaient pas au diapason des autres villes insurgées, c’est parce qu’une bonne partie de ce même peuple syrien défendent encore (pour une raison ou pour une autre) le régime en place. Ce régime ne pourrait pas tenir si longtemps s’il n’y avait ce soutien logistique, humain, moral et politique, que lui assurait une bonne partie du peuple syrien. C’est à cette partie-là du peuple qu’il faudrait s’adresser et non pas à une hypothétique conscience internationale ou à une coalition atlantiste opportuniste et sans scrupules. Cependant, on remarque à présent une implication de plus en plus tenace et accrue de la part des deux populations alépine et damascène.
Et tout comme la révolution tunisienne, la révolution syrienne s'est déclenchée au sud du pays (à Deraa), et le chemin de Damas, qui était salutaire pour Saint-Paul, le sera prochainement de même pour ce grand peuple courageux et persévérant.
RAFRAFI
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