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vendredi, 15 novembre 2013

Fadi.. un poète captif


Fadi_Joumer(2).jpgDepuis plusieurs semaines déjà, Fadi Joumer, (فادى جومر) 
poète et parolier syrien n'a pas donné signe de vie depuis son arrestation par les services secrets d'Assad pour avoir osé continuer de parler librement.

En solidarité avec ce poète, je vous propose ci-dessous ma traduction de l'arabe d'un tout dernier texte, qu'en guise de lettre adressée à B. Assad, Fadi avait écrit et mis en ligne (Ici), avant son arrestation :

 

(Ci-contre, photo de Fadi Joumer)

Toi, dépositaire des canons et avions, sais-tu combien de chansons je garde dans ma mémoire? Combien de poèmes? Sais-tu que je mémorise les pièces de théâtre de Fairouz mot par mot? Sais-tu combien de fois ai-je aimé et combien de fois ai-je été aimé? Sais-tu que pendant un an et demi, j'ai écrit des mots forts et beaucoup moins craintifs que tes peureuses cartouches?

Pendant trente-trois ans, j'étreignais la Syrie dans mon ivresse et dans mes prières. Ne connais-tu pas « Mahmoud Joumer»? Sais-tu qu'il m'a dit : Meurs pour que ton frère vive? Sais-tu quand ai-je su que ton père était un menteur? Je le savais depuis que j'étais en quatrième année, quand la maîtresse nous a dit que la Syrie est un État entièrement souverain.. Je me suis alors levé et lui ai dit: Qu'en est-il du Golan Qu'en est-il d'Alexandrette (Iskenderun)? Sur ce, l'administration de l'école convoqua mon père et lui demanda de me réprimander et de contrôler mon comportement; mon père m'a au contraire laissé user de mon libre arbitre.

Connais-tu Dir Attia? Connais-tu ses noces? Connais-tu le champ? As-tu déjà grimpé un arbre pour cueillir des noix? Je suis de là-bas, de ces lieux-là.. Ne te rends-tu pas compte combien d'air pur j'ai dans ma poitrine? Sais-tu que je me suis rendu dans chaque lieu en Syrie et que j'ai mangé dans chaque maison? Sais-tu que je connais par cœur toutes les chansons du pays? Sais-tu pour combien de temps avais-je travaillé? Et comment j'achetais du vin avec tout l'argent que j'avais gagné de mon travail?

De toute ma vie je n'ai jamais eu peur pour que j'aie peur de toi! Tu ne m'as pas vu au volant de ma voiture rouler à 160 km par heure tout en étant ivre et heureux? J'avais cinq ans quand je me suis levé pour lire sans frousse un poème devant cinq mille personnes dans le stade d'Al-fayhaa, alors que tu tremblais en lisant à partir d'une feuille que l'on t'a donnée pour les condoléances de ton frère! Es-tu stupide? Crois-tu que tu auras raison de moi? Crois-tu que tu peux me tuer? J'ai dix mille ans de civilisation et ne meurs pas d'un obus..

N'aie pas peur pour moi mais pour ton sniper de mourir juste par un regard de mes yeux.

Fadi Joumer (Damas)

Traduit par

RAFRAFI

20:11 Publié dans actu, Art | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |

Commentaires

Si j'étais grossier, je dirais qu'il a une sacré paire de... et beaucoup de talent.

Écrit par : aliscan | samedi, 30 novembre 2013