jeudi, 26 février 2009
Ne volez pas ma voix
Ô grand-père
toi que les champs remémorent,
tes cheveux blancs
servaient à la procréation des foyers;
Aujourd'hui c'est le feu qui s'en sert
(Mémoires de l'enfant de la guerre)
Dans une note précédente intitulée Guerre et poésie, je vous ai parlé de Wafaa Abed al Razzaq, poétesse irakienne qui a écrit les "Mémoires de l'enfant de la guerre", recueil de poèmes sous formes de strophes répartis sur quinze chapitres. Ce recueil le voici traduit de l’arabe en français par Hédia Dridi et édité récemment chez l’Harmattan dans la collection «Poètes des Cinq Continents» avec un sous-titre Ne volez pas ma voix, inclus dans le dessin illustrant la couverture, lui-même réalisé par la traductrice.
Manuscrit dans sa version originale, ce recueil a déjà remporté l’année dernière au Liban le Prix du Mitropolite Nicholaous No'man des vertus humaines. En plus de la traduction vers l’anglais faite par l’écrivain syrien Yousef Shughri, ces «Mémoires» ont été scénarisés par un scénariste irakien et vont être portés à l’écran éventuellement par un cinéaste allemand.
En plus de cette traduction en français, qui a été co-révisée par Josyane De Jesus-Bergey et moi-même, Hédia Dridi donne son appréciation sur cette œuvre à la quatrième couverture du recueil où elle écrit entre autres :
Wafaa Abed Al Razzaq, nous présente avec ses Mémoires de l’Enfant de la Guerre, une stature d’enfant-homme, mais c’est aussi, tout enfant irakien qui se réincarne dans Ali à travers cette enfance volée et violée par la violence de notre monde d’adultes.
Et d’ajouter : Il m’est apparu indispensable que ces magnifiques poèmes soient traduits, même s’il est dit que traduire est une forme de trahison. Il m’a semblé que de ne pas traduire c’était encore pire, comme si j’abandonnais cet enfant seul, perdu quelque part…
Les images de la guerre contre Gaza montrant Jamila, la palestinienne de dix ans, amputée de ses deux jambes et qui défie son drame en aspirant à devenir un jour une journaliste, ou d’Almaza, la fille de 11 ans, qui, le visage terreux, raconte, sans aucune larme, l’exécution sommaire et impitoyable, devant ses yeux, de toute sa famille, par les soldats israéliens, ou encore d’Ahmad, l’enfant de neuf ans qui réclame son droit à une vie digne d’un enfant de son âge, ces images ont sinistrement déferlé sur l’actualité et intensifié ainsi l’image de l’enfant irakien Ali cité plus haut par la traductrice.
Cela avait coïncidé avec la période allant de la date de la parution de ces «Mémoires» en décembre dernier et la cérémonie de la présentation-dédicace jeudi dernier. Au cours de cette présentation, l’auteur et la traductrice se sont relayées pour lire quelques strophes dans les deux langues devant un public, qui, bien que restreint, n’a pas manqué de curiosité ni de compassion ni d’estime pour la qualité et de la poésie et de la traduction.
De commun accord entre l’auteur et la traductrice, le profit qu’elles pourraient tirer de la vente de ces «Mémoires» ira aux enfants orphelins et handicapés irakiens qui sont les plus fragiles des victimes de la guerre, pour lesquelles l’auteur représente déjà une association caritative.
Les «Mémoires de l'enfant de la guerre» resteront gravés par leur poétique, leur sincérité et leur audace, dans la mémoire de tous ceux qui désirent voir l’actualité autrement, c’est-à-dire la regarder par les deux bouts d’une autre lorgnette, à savoir la poésie et l’enfance.
Le nord
et le sud
se sont engagés
à faire de mon enfance
un ballon pour le cirque.
(Mémoires de l'enfant de la guerre)
RAFRAFI
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lundi, 09 février 2009
Paradoxes sionistes
Ce n’est pas pour enchérir de rhétorique sur le Paradoxe juif de Nahum Goldmann, mais chaque fois que des élections se préparent en Israël, il me revient à l’esprit l’image que les sionistes et les pro-sionistes ne cessent de diffuser, décrivant Israël comme palmeraie de démocratie et de liberté au milieu d’un désert de tyrannie, d’obscurantisme et de haine(!).
Israël démocratique? Oui, mais que pour les juifs. Ce qu’on appelle les «arabes israéliens» (un million et demi), c’est-à-dire les autochtones palestiniens (de confession chrétienne et musulmane) ne bénéficient guère des mêmes privilèges que les juifs israéliens. Pis encore, certaines catégories de ce qu’on appelle juifs séfarades (d’origine orientale) subissent une sorte de discrimination en regard des juifs ashkénazes (d’origine occidentale). Le cas des Falachas est, quant à lui, plus lamentable.
Je ne vais pas m’étaler ici sur la description de l’échiquier politico-électoral israélien, mais plutôt de dévoiler encore une fois la politique de deux poids deux mesures, pratiquée par Israël et réinjectée dans le discours diplomatique de ses alliés occidentaux.
Pendant la guerre froide, l’idée d’un État palestinien à côté de l’État d’Israël, était conçue par ce dernier comme un projet d’une future base arabo-soviétique anti-israélienne, et donc, exclue. Et ce malgré l’existence dans la Knesset, de partis israéliens de gauche et d’extrême gauche, comme le parti communiste d'Israël, le Mapam, le Matzpen, le Maki et le Rakah. À présent, un projet d’un État palestinien est conçu comme une menace «islamo-terroriste» sauf s’il est a priori «nettoyé» de toute fraction religieuse (d’où la guerre contre Gaza). Car le discours islamiste du Hamas et du Djihad, pose actuellement problème pour Israël et ses alliés régionaux et internationaux, qui, pour des raisons purement géostratégiques, n’y voient qu’un écho du discours iranien(!!).
Que le Hamas soit, avant et après tout, un mouvement de résistance à discours religieux, que ce mouvement, soit issu des Frères musulmans de Palestine dont la constitution était d’ailleurs facilitée indirectement (les années 1970 et 1980) par ce même Israël qui est allé à l’époque jusqu’à reconnaître officiellement son bras politique et caritatif, et ce dans le but de contrecarrer le Fatah (nationaliste laïc) et la gauche marxiste palestinienne,
… que le Hamas joue le jeu politique et s’engage par ricochet, dans le processus d’Oslo, jusqu’à remporter les élections législatives palestiniennes du 26 janvier 2006, en obtenant 56% des suffrages, ce qui lui a donné une majorité parlementaire obligeant Mahmoud Abbas, à inviter le Hamas à former un nouveau gouvernement, et à inciter Israël à prohiber ce dernier jusqu’à enlever et emprisonner ses parlementaires avec leur président.
… que le Hamas ait, à maintes reprises respecté la trêve, parfois de plusieurs mois, sans que celle-ci ne soit véritablement respectée par Israël (blocus de Gaza qui est une forme de guerre, bombardement sporadique contre tel ou tel activiste palestinien…) ,
… tout cela s’évapore devant la maussade ritournelle: Hamas (et Djihad avec), égale terrorisme, islamo-fascisme, antisémitisme… etc.
Malgré certaines thèses du Hamas ou du Djihâd (et même du Fatah), que je désapprouve formellement, je ne peux pas admettre non plus cette position paradoxale qui diabolise d’un côté un extrémisme palestinien (jadis, des barbus marxistes, à présent, des barbus islamistes) et révère d’un autre côté l’extrémisme israélien, s’étendant du parti travailliste jusqu’au Yahadut Hatorah en passant par Kadima, le Likoud, Israel Beytenou, le Moledet, le Herout, le Tkuma, le parti Mizrahi, et le Shass.
Face au palestinien exemplaire, qui, pour que la «paix» s’installe, ne doit être que mou ou mort, l’israélien, quant à lui, peut se permettre le luxe très «démocratique» d’être extrémiste, fanatique, ultra-quelque chose, voire raciste, et pardessus le marché représenté à la Knesset. Vous me diriez, les arabes israéliens y sont aussi représentés. Oui, mais juste pour le décor démocratique. Il suffit de voir leur proportion ainsi que leur absence systématique et continuelle de tout gouvernement. Et de voir aussi les dernières objections soulevées par plusieurs leaders politiques juifs israéliens contre la participation arabe aux élections. Ces leaders ne cessent de lancer un mot d’ordre partagé par plusieurs partis du centre, de droite et d’extrême droite jusqu’aux «ultras orthodoxes», qui consiste à réclamer le transfert de la population arabe d’Israël (un million et demi) vers les territoires, pourtant occupés, de «l’autorité palestinienne». Le Moledet en est le défenseur farouche, mais récemment aussi Tzipi Livni, la candidate du Kadima.
C’est quoi ce transfert si ce n’est pas du nettoyage ethnique? Plus concrètement encore, aux âmes très douillettes aux discours islamistes du Hamas ou du Djihad, je propose ci-après quelques thèses Théo-idéologiques (de sources différentes) qui en disent long sur l’autre «extrémisme démocratique» ou «démocratie extrémiste» (comme vous voulez) à l’israélienne:
NETTOYAGE ET SEPARATION
Le Moledet (en hébreu: "Terre natale"): «Il a centré l'essentiel de sa plate-forme idéologique sur l'idée du "transfert" des palestiniens hors d'Eretz Israël (Israël dans ses frontières bibliques). En principe, ce "transfert" est censé être volontaire, mais le manque évident d'intérêt des palestiniens pour un départ explique qu'officieusement le "transfert" soit envisagé comme contraint.»
Israel Beytenou (en hébreu "Israël notre Maison"): «L'essentiel de la plate-forme politique de ce parti consiste en un plan de modification des frontières d'Israël afin de séparer la majorité juive du 1,4 million d'Arabes israéliens, dont la loyauté à l'État hébreu est régulièrement mise en doute par son leader. En mai 2006, Lieberman appelle à l'exécution des députés arabes israéliens en contact avec le Hamas ou ayant célébré le jour de la Nakba, «la catastrophe», au lieu de celui de l'Indépendance israélienne»
Le Herout (en hébreu liberté): «Nous croyons qu'un effort national visant à encourager l'émigration (des Arabes vivant en Israël et dans les territoires palestiniens) vers les pays arabes résoudra à long terme le problème démographique d'Israël. Nous demandons que l'hébreu soit déclaré seule langue officielle de l'état juif. Pour les élections du 28 mars 2006, le Hérout a lancé une campagne d'affichage pour encourager les israéliens arabes à partir du pays:"Le Hérout vous aidera et paiera pour que votre famille émigre vers n'importe quel pays arabe et y vive une vie heureuse" (Jerusalem Post du 24 mars 2006). Nous demandons que la loi du retour soit modifiée pour arrêter l'afflux des non-juifs dans le pays, qui mettrait en danger la majorité et le caractère juifs de l'état.»
Le Shass. (Parti «ultra-orthodoxe»). Son leader spirituel le rabbin Ovadia Yossef, excelle dans la haine raciale: «Dans la vieille ville de Jérusalem ils [les Arabes] fourmillent. Qu’ils aillent en enfer– et le Messie les y conduira vite ». Depuis la chaire de sa synagogue de Jérusalem: «Il faut, anéantir les Arabes. Il ne faut pas avoir pitié d’eux, il faut leur tirer dessus avec des super missiles, les anéantir, ces méchants, ces maudits.» Les mêmes Arabes qu’il avait assimilés à des "serpents", êtres nuisibles et venimeux.
ESPACE VITAL ET EXPANSION
Israel Beytenou s'oppose aux discussions de paix commencées depuis la conférence d'Annapolis (novembre 2007) sur les questions-clés du conflit avec les Palestiniens, comme le tracé des frontières, le statut de Jérusalem, le sort des colonies juives et des réfugiés palestiniens. Pour le parti, «Démanteler les colonies sauvages est un casus belli».
Le Herout «prône le projet d’un grand Israël sur les deux rives du fleuve Jourdain (incluant donc l'actuelle Jordanie). Il a ensuite été fermement opposé au retrait de la Bande de Gaza projeté dès 2003, et réalisé en 2005. Dans son programme 2006 en 13 points on lit: Nous croyons d'une croyance sans borne en la réalisation du grand Israël et au droit du peuple juif à sa patrie héréditaire, la terre d'Israël.»
FANATISME ET OBSCURANTISME
Pour le rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du Shass, "les enseignants laïques sont des ânes". En 2000, il a prétendu que les victimes de l’Holocauste étaient des âmes pécheresses réincarnées qui devaient expier par ce biais. En novembre 2003: «Tous les problèmes viennent des Ashkénazes... Vous les Juifs ashkénazes, vous avez été en Occident, en enfer. Pourquoi êtes-vous venus ici ? Ce que vous dites ou faites est sans importance». En 2005 après l’ouragan Katarina: «Il y a eu un tsunami et il y a eu des désastres terribles, parce qu’on n’étudie pas assez la Torah... Les Noirs habitent là-bas [Nouvelle Orléans]. Les Noirs étudient-ils la Torah ? [Dieu a dit] envoyons-leur un tsunami et noyons-les... Bush était derrière [les expulsions de] Gush Katif, il a encouragé Sharon à vider Gush Katif... nous avons eu 15 000 expulsions ici [en Israël], et il y a eu [aux États-Unis] 150 000 [morts]. C’était la rétribution divine... Dieu donne à chacun ce qu’il mérite».
Le Herout: «Nous croyons que les valeurs éternelles de la Torah devraient être fermement enracinées dans la vie de l'état et du peuple juif. Nous appelons l'état d'Israël à ne pas oublier les contributions de Jonathan Pollard (espion israélien) et à œuvrer activement à sa libération des prisons américaines.»
Le Mizrahi «est l'une des branches du sionisme religieux et sa première incarnation historique, défendant l'idée d'un État juif largement basé sur le judaïsme orthodoxe».
Si on ajoute à tout cela les colons armés qui, épaulés parfois par le Tsahal, font une vie d'enfer à leurs voisins palestiniens et n’hésiteraient pas à suivre l’exemple du terroriste Baruch Goldstein (qualifié par Israël, juste de militant sioniste religieux radical israélo-américain !!) l'auteur du massacre du tombeau des Patriarches à Hébron en 1994 où il tua 29 palestiniens et en blessa un certain nombre au moment de leur prière, on peut voir l’image de cette «démocratie» armée jusqu’aux dents et jusqu’au dernier palestinien en ligne de mire sioniste.
N.B. après avoir écrit cette note, j’ai reçu un commentaire important sous la note précédente, de la part de Jean-Moïse Braitberg, l’auteur de la fameuse lettre ouverte au président israélien. Je vous invite à le lire.
Rafrafi
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jeudi, 29 janvier 2009
Mon pauvre Jean-Moïse
Je comprends sincèrement votre complainte auprès de Shimon Peres qui préside, à présent en votre nom, cet État d'Israël que le Général De Gaulle, à juste titre, avait (le 27 novembre 1967) déjà qualifié de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur» avant d'ajouter « Maintenant, il (Israël) organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme» . De Gaulle n'a pas eu le Prix Nobel de la Paix, Shimon Peres, si. Et ce au mépris de ses victimes civils à Qana, à Jenine et aujourd'hui à Gaza. Ses deux co-nobélisés, Rabin et Arafat, ont payé de leur vie leur engagement pour la paix, le premier, tué de deux balles par un jeune extrémiste juif (Ygal Amir) et le deuxième, empoisonné, semble-t-il, par des agents d'un vieil extrémiste juif (Ariel Sharon). Et Peres continue curieusement à profiter de son Nobel (même à bord d'un avion militaire: photo ci-contre). Je ne vais pas m'étaler sur le passé et le présent de votre président que vous connaissez surement mieux que moi. Mais, Cher écrivain, permettez-moi de vous saluer pour ce poignant témoignage (paru dans le journal Le Monde) que vous adressez à Perez et de le reproduire ici pour mes visiteurs :
RAFRAFI
Effacez le nom de mon grand-père à Yad Vashem
par Jean-Moïse Braitberg
Monsieur le Président de l'État d'Israël, je vous écris pour que vous interveniez auprès de qui de droit afin que l'on retire du Mémorial de Yad Vashem dédié à la mémoire des victimes juives du nazisme, le nom de mon grand-père, Moshe Brajtberg, gazé à Treblinka en 1943, ainsi que ceux des autres membres de ma famille morts en déportation dans différents camps nazis durant la seconde guerre mondiale. Je vous demande d'accéder à ma demande, monsieur le président, parce que ce qui s'est passé à Gaza, et plus généralement, le sort fait au peuple arabe de Palestine depuis soixante ans, disqualifie à mes yeux Israël comme centre de la mémoire du mal fait aux juifs, et donc à l'humanité tout entière.
Voyez-vous, depuis mon enfance, j'ai vécu dans l'entourage de survivants des camps de la mort. J'ai vu les numéros tatoués sur les bras, j'ai entendu le récit des tortures ; j'ai su les deuils impossibles et j'ai partagé leurs cauchemars.
Il fallait, m'a-t-on appris, que ces crimes plus jamais ne recommencent ; que plus jamais un homme, fort de son appartenance à une ethnie ou à une religion n'en méprise un autre, ne le bafoue dans ses droits les plus élémentaires qui sont une vie digne dans la sûreté, l'absence d'entraves, et la lumière, si lointaine soit-elle, d'un avenir de sérénité et de prospérité.
Or, monsieur le président, j'observe que malgré plusieurs dizaines de résolutions prises par la communauté internationale, malgré l'évidence criante de l'injustice faite au peuple palestinien depuis 1948, malgré les espoirs nés à Oslo et malgré la reconnaissance du droit des juifs israéliens à vivre dans la paix et la sécurité, maintes fois réaffirmés par l'Autorité palestinienne, les seules réponses apportées par les gouvernements successifs de votre pays ont été la violence, le sang versé, l'enfermement, les contrôles incessants, la colonisation, les spoliations.
Vous me direz, monsieur le président, qu'il est légitime, pour votre pays, de se défendre contre ceux qui lancent des roquettes sur Israël, ou contre les kamikazes qui emportent avec eux de nombreuses vies israéliennes innocentes. Ce à quoi je vous répondrai que mon sentiment d'humanité ne varie pas selon la citoyenneté des victimes.
Par contre, monsieur le président, vous dirigez les destinées d'un pays qui prétend, non seulement représenter les juifs dans leur ensemble, mais aussi la mémoire de ceux qui furent victimes du nazisme. C'est cela qui me concerne et m'est insupportable. En conservant au Mémorial de Yad Vashem, au cœur de l'État juif, le nom de mes proches, votre État retient prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l'otage d'une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l'abomination qu'est le déni de justice.
Alors, s'il vous plaît, retirez le nom de mon grand-père du sanctuaire dédié à la cruauté faite aux juifs afin qu'il ne justifie plus celle faite aux Palestiniens. Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma respectueuse considération.
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Jean-Moïse Braitberg est écrivain.
Source: Article paru dans l'édition du journal Le Monde du 29.01.09
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dimanche, 18 janvier 2009
Les onze règles
En tant que journaliste indépendant, non seulement je ne peux qu'apprécier ce qu'a écrit le journaliste français Bernard Langlois, mais je ne peux pas ne pas vous faire partager le plaisir, quoiqu'amer, en lisant les onze règles du journalisme, insérées d'ores et déjà dans les annales du journalisme mondiale.
Largement répandues sur la toile, j'ai tenu à reproduire ces règles, qu'une amie m'avait envoyées par e-mail, en me référant à cette source où Langlois lui-même s'y explique.
(La caricature, ci-contre, est tirée d'un journal pan-arabe londonien, montrant un journaliste représenté par le crayon, assis devant un censeur sous forme d'une gomme de bureau.)
Voici maintenant les fameuses 11 règles
Le Proche-Orient pour les nuls
écrit par Bernard Langlois, journaliste français
Les 11 règles du journalisme
Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.
Règle numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les premiers, et c’est toujours Israël qui se défend. Cela s’appelle des représailles.
Règle numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme.
Règle numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s’appelle de la légitime défense.
Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.
Règle numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.
Règle numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin de n'apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique "terroriste".
Règle numéro 7 : Quand vous dites "Hezbollah", il faut toujours rajouter l’expression "soutenu par la Syrie et l’Iran".
Règle numéro 8 : Quand vous dites "Israël", il ne faut surtout pas rajouter après : "soutenu par les États-Unis, la France et l’Europe", car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.
Règle numéro 9 : Ne jamais parler de "Territoires occupés", ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur de France Info.
Règle numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique.
Règle numéro 11 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un "dangereux antisémite".”
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À vous de juger…
RAFRAFI
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vendredi, 16 janvier 2009
Le nœud du problème
Voilà ce qu'a dit un jour David Ben Gourion le fondateur de l'État d'Israël:
»Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal : nous leur avons pris leur pays. C’est vrai que Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais en quoi cela les regarde-t-ils ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous sommes venus et nous leur avons pris leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils?«
David Ben Gourion, était aussi le tout premier Premier ministre de l'État d'Israël en 1948. Quant à ces propos, ils ont été cités par Nahum Goldman, ex-président du Congrès juif mondial, dans son livre Le Paradoxe juif (1978) The Jewish Paradox.
La clarté et la franchise que dégagent ces propos, sont remplacées, au fil des 60 années de sang, par l'équivoque et l'imposture. Entre temps, la guerre froide entre américains et soviétiques avait beaucoup aidé à confisquer la cause palestinienne en brandissant la menace communiste. Depuis, on avait tout fait pour isoler politiquement les fractions radicales de la résistance palestinienne, marxistes ou nationalistes arabes, en apprivoisant l'aile nationaliste palestinienne (le Fatah), jusqu'à la signature néfaste des accords d'Oslo. Résultat: une paix fragile contre une parcelle de territoire, perméable à tout moment par les projectiles et les brodequins de Tsahal.
Une fois la page de la guerre froide tournée, nous voilà devant un nouveau prétexte: la menace islamiste. Il se trouve qu'à partir des années vingt du XXème siècle, jusqu'à la Révolution Iranienne de 1979, les courants islamistes, dont l'égyptien Le MFM, Mouvement des Frères Musulmans ou bien l'ultra MWS, Mouvement Wahhabite Saoudien ne constituaient pas une menace pour l'Occident libéral. Bien au contraire, le MFM a conspiré pendant les années 60 avec les USA contre l'Égypte de Nasser, et plus tard les Wahhabites avec les mêmes USA, contre les soviétiques.
Ce n'est qu'après le soutien de l'islam Chiite de l'Iran contre l'occupation israélienne du sud du Liban, suivi du refus de Hamas des Accords d'Oslo, que l'Islam, chiite et sunnite confondus, commence à poser problème notamment pour Israël. La réponse n'a pas tardé, Sharon provoque la 2ème Intifada en 2000, et Bush, engage Ben Laden pour commettre le 11 septembre. Ensuite Sharon commence en 2002 une guerre en territoire "devenus" palestiniens pour en finir, selon lui, avec les "Ben Laden" palestiniens, en tuant les chefs historiques du Hamas et en empoisonnant Arafat, sans compter les milliers des victimes civiles; en 2003 Bush envahit l'Irak pour en finir avec, entre autre, l'alliance (infondée) Saddam - Ben Laden. Le reste des événements ira dans le même sens. Du coup l'Islam résistant est devenu "terrorisme", voire l'Islam tout court, d'où ce nouveau terme: l'islamophobie.
Et le problème palestinien dans tout ça ? Encore une fois, les propos de Ben Gourion (cités plus haut) risquent de tomber en désuétude voire de devenir un autre Psaume pénitential ajouté à la Torah.
Je récapitule:
- Le Plan de partage de la Palestine de 1947, a légitimé à moitié ce vol à main armée avoué par Ben Gourion lui même.
- La Résolution 242 de l'ONU en 1967, a légitimé le vol à l'esquinte de l'autre moitié du sol
- Les Accords d'Oslo de 1993, ont légitimé le vol à la mystification, dit vol à l'américaine, en donnant aux palestiniens de l'OLP des terres ayant été avant 1967 sous la gérance de la Jordanie (Cisjordanie) et à l'Égypte (Gaza).
Maintenant avec la complicité des "vichystes" de Ramallah (Abbas en tête) et au nom de la "guerre sainte" contre le "terrorisme", on camoufle encore une fois le vol du siècle par la "menace" de Hamas, le mouvement de résistance qui n'a jamais perpétré d'attentat en dehors de la Palestine historique.
Je termine cette note par une note poétique que mon amie et poète Josyane De Jesus-Bergey vient de déposer en commentaire sous la note précédente:
Gaza
La mort se peint
le soir
taches de pieds salis
dans
ces chiens de vent.
Qui perce encore
la lumière
toi fille d'une morte
ou toi l'enfant
écrasé sous les bombes ?
Terre qui rendra les hommes
enfin sages ?
Josyane De Jesus-Bergey
La Rochelle 07/01/09
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(Gaza 21ème jour: 1170 tués et 5200 blessés)
RAFRAFI
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