jeudi, 17 juin 2010
Déceptions sionistes
Juste quelques mois avant le récent assaut meurtrier des forces armées israéliennes contre le navire humanitaire turc dans les eaux internationales, quatre amères confessions publiques venues de quatre personnalités israéliennes, ont été publiées et qui démontrent bien cette tendance agressive d’un Etat foncièrement belliqueux.
La première confession qui sert parfaitement de témoignage éloquent a été faite le 30 janvier dernier par un certain Dove Jeremiah, dans une missive que ce dernier avait envoyée à un grand nombre de ses amis et de ses connaissances. Âgé de quatre-vingt quinze ans, Dove Jeremiah, sioniste chevronné, avait obtenu le grade de colonel dans l'armée israélienne. Dans cette lettre que l’écrivain et journaliste Uri Avnery a tout de suite publiée, on lit:
« Moi, Dove Jeremiah, juif israélien, ayant labouré les champs d'Israël, planté des arbres, construit des maisons et vu mon sang couler dans la bataille de la création d'Israël en 1948, je déclare que je renonce à ma foi dans le sionisme qui, à mon avis, a échoué. À partir de maintenant, je ne serai plus partisan de l'Etat fasciste juif ni de son idéologie ni de sa vision toquée. Je ne chanterai plus l'hymne national israélien ; je n'aurai plus du respect sauf pour le sang innocent qui coule des deux côtés. Le cœur brisé, je vois Israël s'avancer lentement vers le suicide ; je déplore les trois générations de ma famille à qui j'avais donné vie et dont j'avais pris soin. Je ne peux pas pardonner à Israël son racisme, ni son vol des terres et des sources d'eau, ni son traitement inhumain infligé aux malades et aux femmes enceintes, ni son engluage immensurable dans le sang en particulier dans celui des enfants.»
Dans sa réponse à la lettre de Dove Jeremiah, le même écrivain Uri Avnery, a, de son côté, rendu un témoignage presque similaire à celui de son ami Jeremiah où il dénonce les crimes perpétrés par Israël au vu et au su du monde entier ; Il dit entre autres : « Il fut un temps où nous étions très fiers de nous présenter n'importe où dans le monde en disant : "Nous, les Israéliens". Personne ne peut plus le faire maintenant. Le nom d'Israël est à présent vautré dans la boue. De nombreux Israéliens évitent de parler en hébreu dans les différentes villes étrangères.»
La troisième confession sort de la bouche de Hayon Meir, juif de 86 ans, professeur de physique à la retraite. Il avait passé dix mois en se cachant des Nazis aux Pays-Bas ; jusqu'à son arrestation en 1944 et sa déportation vers le camp de concentration nazi d'Auschwitz où il a été torturé pendant onze mois, jusqu’au jour de la libération d'Auschwitz en 1945. Farouche opposant au sionisme et partisan des droits des Palestiniens, Hayon Meir refuse d’appeler l'armée israélienne une armée, mais une force d'occupation et d'oppression. Au cours d’une conférence de presse qu’il a donnée au mois de janvier dernier, il se révolte lorsqu’on l'interroge sur le problème palestinien : « N’utilisez pas, dit-il, la terminologie israélienne, c’est plutôt une tragédie ou une catastrophe palestinienne.» Lorsque quelqu’un dans l'assistance lui a manifesté sa sympathie pour sa détention et la torture qu’il avait subies à Auschwitz, il répondit, furieux : «Si vous êtes intéressés par mon endurance ne vous attardez pas sur le passé, faites quelque chose pour les Palestiniens». Selon ce même Hayon Meir, la devise du monde était après Auschwitz «Never Again» (plus jamais ça), mais ce que les forces d'occupation israéliennes font contre les Palestiniens est similaire à ce que les nazis ont fait ; peut-être pas avec la même ampleur, mais les méthodes sont les mêmes. « Tout Israélien, ajoute-il, qui ne proteste pas contre les atrocités de son gouvernement criminel, est impliqué, indirectement dans cette agression barbare.»
Quant au quatrième témoignage, il vient d’une personne plus jeune. C’est Avindav Begin, écrivain et petit-fils de l'ancien premier ministre israélien Menahem Begin et fils de l'actuel ministre dans le gouvernement de Netanyahu, Benny Begin, du parti Likoud, qui dans une longue interview a confié en février dernier, sa confession au journal israélien Yediot Aharonot. Il révèle son refus de se lever quand il entend l'hymne national israélien (Hatikva), qu’il ne se considère ni comme un Juif, ni comme un sioniste, et qu’il ne croit pas que son grand-père (Menahem) aurait conclu une paix réelle avec l'Egypte, n’accepte pas de suivre la voie de son père, et ne brandit pas le drapeau d'Israël. Il n’hésite pas non plus d’aller à des manifestations contre le mur d’apartheid au village palestinien de Bil'in, et ne craint pas, après la publication de cette entrevue avec lui, que l’on lui lance, selon son expression, des œufs pourris.
Dans cette même interview, le jeune Begin n’hésite pas à dire : « Dans nos veines, à nous tous, coule un sang de tueurs.» Et s’il éprouve de la peine pour les quelques 700 personnes tuées durant la guerre de 1982 contre le Liban (guerre déclarée par Israël que gouvernait à l’époque son grand-père), il rectifie en précisant : « Ce ne sont pas sept cents, mais trente mille morts entre Libanais et Palestiniens, dont la plupart non armés. Des morts pour rien. Ils ne peuvent pas être comparés à des soldats israéliens, parce qu’il s’agit ici de gens qui n’ont jamais fait de guerre. Je suis effrayé par le fait que des gens tirent des coups de feu sur eux-mêmes et sur leurs enfants alors qu’ils imaginent les tirer sur d’autres. Je pense que toutes les guerres n'ont pas à avoir lieu, y compris la guerre de Yom Kippour (la guerre d'Octobre 1973).»
Il n’y a rien à ajouter sauf peut-être, que ces confessions avaient mis trop de temps avant de sortir de la bouche de ces mêmes témoins qui sont sensés avoir vécu de très près le drame palestinien durant plus de six décennies déjà.
RAFRAFI
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vendredi, 30 avril 2010
Pourquoi écrire?
« J'écris pour avoir éprouvé le bonheur de lire les écrivains du monde entier et grâce à l'inspiration que j'ai reçue d'eux. J'écris aussi parce que l'organisation des mots me procure un plaisir esthétique. La réflexion sur les expériences de ma propre vie, et la création d'une œuvre littéraire, m'amènent à m'interroger sur les contradictions de l'existence.
Il me semble aussi avoir une responsabilité particulière en tant qu'écrivain puisque je vis dans un pays où le racisme est inscrit dans la constitution et réduit les indigènes au rang d'esclaves. Ici, les pires aspects de la civilisation occidentale sont visibles quotidiennement : avidité, autoritarisme et tyrannie, dogmatisme, méchanceté et violence institutionnalisées, ignorance des autres civilisations et des autres cultures.
La littérature, je le crois fermement, peut apporter une grande contribution au bonheur humain et à la paix, puisqu'elle a le pouvoir de réveiller nos sensibilités, affectives, esthétiques, intellectuelles et morales, et de nous conduire à la découverte qu'une vie de raffinement est préférable à une existence grossière. »
AHMED ESSOP
Né en 1931 dans le quartier indien de Johannesburg, cadre de ses premières nouvelles et de son premier roman (The Visitation), il vit à vingt kilomètres de là, à Lenousia, nouveau ghetto indien où se situe son second livre (The Emperor).
Source : «Pourquoi écrivez-vous?», question posée (en mars 1985) par le journal Libération à 400 écrivains de par le monde.
RAFRAFI
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jeudi, 04 mars 2010
Le labyrinthe
Je continue de reproduire, de temps à autre, une des réponses à la question «Pourquoi écrivez-vous?» posée (en mars 1985) par le journal Libération à 400 écrivains de par le monde. J’avais précédemment réservé deux notes, une, à la réponse du poète palestinien Mahmoud Darwich à l’occasion de sa mort, et l'autre à l’écrivain mexicain Juan RULFO, mort en 1986. Aujourd’hui, je vous propose celle de l'écrivain Sud-Africain, Breyten Breytenbach.
Né en 1939 dans la province du Cap, Breytenbach s'est d'abord fait connaître par sa peinture, puis par des poèmes : Confession véridique d’un terroriste albinos (The True Confessions of an Albino Terrorist, 1983), récit de son emprisonnement pour faits de résistance, a eu un large retentissement international, traduit de l'anglais par Jean Guiloineau, Stock, « Nouveau cabinet cosmopolite », 1984. Voici sa réponse:
J'écris: et l'écriture est un sens, une décodification possible de l'environnement, une symbiose avec ce qui est autre, un arrangement à l'amiable avec la matière.
C'est une cavale : la voie vers le labyrinthe, le labyrinthe-même, la description du labyrinthe et par-là le fil qui nullifie le labyrinthe. On écrit pour se mette en mesure d'inventer un je capable d'être la transaction de survie et de multiplication des paroles; pour façonner une vérité; pour ériger des châteaux de sable contre le déferlant silence de la mer; pour trouver le coquillage de l'amnésie.
Enceint d'encre (comme la mer) j'écris parce que l'écriture est un jeu futile et primitif, mais également parce qu'elle est conduite de conscience structurant la conscience, une métamorphose, une communion de la lutte éternelle pour la justice. Finalement, pour réaliser que toute vie est mort vécue et la mort sémiotiquement vivante; et de mériter enfin ce silence sécrété mot à mot. (Breyten Breytenbach)
RAFRAFI
21:43 Publié dans Pensée | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
jeudi, 14 janvier 2010
Ayiti
Devant cette tragédie haïtienne, il me revient à l’esprit Raskolnikov, le héros du Crime et Châtiment, lorsqu’il tomba aux pieds de Sonia, fille d’une pauvre famille, et lui dit : « je me prosterne devant toute la souffrance de l'humanité ».
Ainsi, tout HOMME, digne de ce nom, devrait s’incliner devant cette souffrance humaine causée par ce cataclysme haïtien, où la chair humaine est copieusement pétrie par les décombres. Aucune agglomération ne peut résister face à un tremblement de terre de pareille amplitude, c’est-à-dire d’une magnitude de 7, soit l’équivalent de l’énergie dégagée par une bombe H d’environ 5 Méga tonnes.
Il est quand même paradoxal que Haïti, appelé Ayiti en créole, soit, depuis précisément deux siècles et six ans, la toute première république indépendante de population majoritairement noire et en même temps, le pays qui était régulièrement touché par les catastrophes naturelles, à savoir, cyclones, ouragans, tempêtes tropicales, pluies torrentielles, crues, inondations, et tremblements de terre, dont celui du 18 octobre 1751, qui fût aussi dévastateur et où la ville du Port-au-Prince fût entièrement détruite.
Comme si la première syllabe du mot Ayiti, (AÏ) qui, en français veut dire « crépitation douloureuse des tendons » ou « endroit dangereux pour de petites embarcations » ou tout simplement « une interjection qui traduit la douleur », indique déjà ce sort fatal par lequel ce malheureux pays est souvent désigné.
La montagne dans la mer, c’est le sens du mot créole Ayiti. Comme pour dire une montagne d’hommes dans une mer de souffrances.
À toutes les haïtiennes et tous les haïtiens, vivants et survivants, mes sincères condoléances.
Pour quiconque voudrait aider Haïti, voici ce LIEN.
RAFRAFI
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jeudi, 31 décembre 2009
L’écume
2009 était pour ce blog une année médiatiquement quasi sabbatique. Six notes en janvier, deux en février et une seule (la dernière) en mai; de quoi amener certains visiteurs à ne plus revenir, dont, entre autres, les « amis bloggeurs » à qui, depuis, je n’ai pas rendu visite non plus… Et je ne m’en réjouis nullement.
Certes, personne ne devrait avoir de comptes à ne rendre à personne (je veux dire entre bloggeurs). D’où le fait d’en parler, ressemblerait à une sorte de monologue. Sauf si l’on avait de quoi, non pas de justifier, mais de présenter ce qui serait bon, utile ou intéressant à dire, donc à lire.
Je n’ai pas été emporté, entre temps, par le glissement communicatif de la blogosphère vers le réseautage social (de Facebook, de Netlog ou de plus récent, baptisé Twitter ou encore de plus anciens tels que MySpace, Pointscommuns ou Copains d'avant, et bien d’autres…), mais je me suis tout simplement engagé dans des occupations qui se servent plutôt d’encre et de papier que d’octet et de clavier.
Résultat :
- « L’écume des vers », mon deuxième recueil de poésie, paru en français, en juin dernier, chez l’Harmattan, dans la collection « Poètes des cinq continents » (dirigée par Philippe Tancelin et Emmanuelle Moysan). Il porte le même titre que mon précédent recueil « Zabadou’l bouhour », paru en 1996 en langue arabe chez le même éditeur dans la collection « Libre parole ». Il comporte une bonne partie de poèmes publiés dans le premier recueil, mais traduits en français par Hédia avec l’aimable révision de la poète et amie Josyane De Jesus-Bergey. D’autres poèmes et textes, écrits d’emblé en français figurent aussi dans ce dernier recueil.
- Après environ trois décennies d'école buissonnière, je me remets sur le chemin de l’INALCO, pour un LMD en langues et civilisations orientales. Du coup me revoilà muni d’outils scolaires à la recherche d’une reconnaissance académique et côtoyé par de plus jeunes et aussi de moins jeunes collègues sous l’égide d’imminents professeurs que je salue de passage. J’ai intérêt à m’appliquer et à être studieux pour décrocher le Master (DEA), cette année. Pour le mémoire à soutenir, il sera question de littérature avec un thème que je divulguerai le moment venu.
Enfin, douze mois après la guerre sioniste contre GAZA, qui souffre toujours de blocus, 1400 européennes et européens (le même nombre de palestiniens tués dans cette guerre) sont actuellement au Caire dans l’attente d’une décision du régime égyptien de Moubarak, pour leur permettre d’accéder à GAZA et soutenir la population Gazaouie. Je vous invite à soutenir l’initiative de ces marcheurs européens en signant leur pétition par ce LIEN.
Que l’année 2010 soit moins lugubre et moins difficile et plus propice et heureuse aux amies et amis ainsi qu’à quiconque arrive à ce blog-ci, exprès ou par hasard.
RAFRAFI
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