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lundi, 20 novembre 2006
Au féminin présidentiel
Depuis Jeanne d’Arc, la France n'avait pas connu une figure féminine aussi emblématique que cette Pucelle d’Orléans. Même la Révolution, ô combien humaniste ! n'avait pas aidé non plus à en produire.
Au contraire, on a plutôt l'impression que le rôle politique de la femme française avait sciemment été réduit à celui de Marie-Antoinette ou juste symboliquement à celui de Marianne, la mère-patrie. Même Marie de Gournay (1565 - 1645), féministe avant l’heure, a dû attendre presque quatre siècles pour être enfin reconnue par les mouvements féministes de la fin du XXe siècle. À ce propos, en tant que fumeur (hélas!) et fétichiste, je conservais une boite d'allumette vide des années 80 à l'effigie de Marie de Gournay, sur laquelle on peut lire une citation très significative (cliquer sur la photo) de cette théoricienne féministe.
C'est la raison pour laquelle, peut-être, cette France républicaine, traditionnellement jacobine, donc, quelque part patriarcale voire phallocrate, aurait mis plus de temps par rapport à ses voisins (anglo-saxons et germaniques notamment) pour féminiser davantage la vie politique.
À travers l'image-stéréotype d'un pays de modes, de parfums, de muses, c'était plutôt l'image de Brigitte Bardot et de Coco Chanel qui prévalait. Et non pas celle de la très libérale Simone Veil qui a présidé le Parlement européen de 1979 à 1982, ni d'Édith Cresson, la seule femme à avoir accédé au poste de Premier ministre de la France, ni de l'ex-présidentiable Martine Aubry, ni de l'éternelle opposante marxiste Arlette Laguiller, ni du leader écologique Dominique Voynet ni encore de la future "femme de fer" possible, Michèle Alliot-Marie, l'actuelle ministre de la défense.
Ainsi peut-on dire que l'énarque Ségolène Royal plébiscitée par les socialistes de son parti (le PS) comme candidate à la présidentielle de 2007, incarne déjà la Jeanne d’Arc politique dans cette bataille électorale face aux dinosaures masculins de tout poil.
Je n'ai pas l'intention ni de faire des pronostics favorables ni d'adresser des louanges à cette dame qui incarne, dit- on, "une nouvelle manière de faire de la politique". Étant un peu tôt, je me contente seulement de noter cette féminisation des plus hauts postes de responsabilité politique qui avait déjà commencé 45 ans auparavant et continue encore dans des pays d'Orient et d'Extrême-Orient (dont musulmans). Beaucoup d'entre nous connaissent, l'indienne Indira Gandhi, la pakistanaise Benazir Bhutto, la turque Tansu Çiller, les deux philippines : Cory Aquino et l'actuelle Gloria Macapagal Arroyo, la Bangladeshi Khaleda Zia, l'indonésienne Megawati Setiawati Sukarnoputri, la sri lankaise Sirimavo Bandaranaike qui, quant à elle, fut (en 1959) la première femme de l'histoire contemporaine à occuper le poste de Premier ministre dans un pays…
Ce doux tsunami a tardé un peu avant de balayer le monde occidental. Ce n'est que durant les trois dernières décennies que l'on a commencé à voir des femmes arriver au plus haut rang du pouvoir : d'abord en Islande ensuite en Grande Bretagne, à la République d'Irlande, en Allemagne, à la Nouvelle-Zélande, au Chili, en Finlande, puis ailleurs au Mozambique, au Libéria et à la Jamaïque…
Pour revenir en France, je dirais qu'en cas de victoire "Royal" aux présidentielles, le fait que Ségo soit une femme sera pour quelque chose si l'on croit le sondage d'Ipsos. Selon ce dernier, on apprend qu'à la question "Qu'est-ce qui vous attire le plus dans la candidature de Ségolène Royal", 37% des sondés répondent "c'est une femme", tandis que 21% estiment qu'elle "incarne le renouveau de la gauche" et 18% qu'elle est "la seule capable de battre Nicolas Sarkozy au deuxième tour". Chez les sympathisants socialistes, les réponses arrivent dans le même ordre, 41% d'entre eux répondant que c'est d'abord parce qu'elle est une femme, 33% qu'elle incarne le renouveau de la gauche et 30% qu'elle est la seule capable de battre M. Sarkozy.
« Je suis une femme et ça se voit » disait-elle en guise de réaction à plusieurs critiques masculines plus ou moins misogynes. Pour ajouter une toute dernière touche à ce portrait inachevée de la future Marianne socialiste, je cite l'ex-gauchiste franco-allemand, Daniel Cohn-Bendit, co-président des Verts au Parlement européen, affirmant que "Ségolène Royal fait peur à Nicolas Sarkozy", car face à elle, le président de l'UMP paraîtra "aussi ringard que beaucoup d'éléphants" du PS. Selon lui, Ségolène Royal incarne "une nouvelle manière de faire de la politique", et d'ajouter "elle prend des risques". À mes yeux ce risque, risquerait d'être plus équilibré si en face d'elle se levait non pas un Sarkozy en coq mais une Alliot-Marie en Marianne de fer.
RAFRAFI
15:40 Publié dans Politis | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |
Commentaires
Elle reste le seul intermédiaire... face aux fous penseurs... néanmoins, néanmoins... (soupir)
Une femme à la présidence, en France, c'est beau, c'est pur... j'ai hate de voir ça... a vos urnes citoyens!
Bise
Écrit par : youkou | mercredi, 22 novembre 2006
Eh, bien ; tout ça ; c'est pas gagné ! Amitiés
Écrit par : choupanenette | mercredi, 13 décembre 2006
Depuis jeanne d'arc? cher compatriote révise un peu l'histoire de France..
Écrit par : biju | vendredi, 15 décembre 2006
Cher "compatriote"
Réviser "un peu l'histoire de France"! merci pour le conseil, mais c'est déjà fait, et ce depuis que vous étiez au biberon.
Écoutez, quand on a rien à dire il vaut mieux s'abstenir, pour ne pas tomber dans le ridicule, n'est-ce pas !
Rafrafi
Écrit par : RAFRAFI | samedi, 16 décembre 2006