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vendredi, 12 janvier 2007

Mieux vaut tard que jamais

medium_carter_.jpgLa présente note aurait dû paraître quelques semaines auparavant à la suite de la publication, en octobre dernier, du livre ‎controversé de l’ancien président américain Jimmy Carter, intitulé "Palestine : la paix, pas l’apartheid !"… ‎
Pour mon humble personne, ce retard pourrait toujours se justifier par des contraintes personnelles… Mais est-il de même pour M. Carter ‎qui semble avoir mis beaucoup de temps avant de livrer enfin sa vraie lecture du drame palestinien ? ‎
La coutume chez certaines grandes personnalités publiques est de toujours choisir le moment qui leur semble opportun ‎pour divulguer ce qu'elles dissimulaient, bon gré, mal gré. C'est le cas, semble-t-il aussi pour Kofi ANAN qui, une fois à la ‎retraite, se lance dans une critique amère à l'égard de la politique américaine en Irak, allant jusqu'à dire que la situation ‎de ce pays était meilleure sous Saddam que sous l'occupation. Evidence qui se présente comme une confession ‎obsolète mais qui sort de la bouche de l'ancien secrétaire général de l'ONU, comme une preuve manifeste d'une ‎défaillance morale à l'échelle de la planète. ‎
Pour revenir à l'ex-président nobélisé pour la paix, j'ajouterais que son témoignage arrive comme même à bon escient du ‎moment qu'il émane de celui qui avait pu imposer (1977-1981) le premier accord de paix israélo-égyptien, et surtout qui ‎avait voyagé partout dans la Terre Sainte au cours des trois dernières décennies, en particulier dans les territoires ‎palestiniens occupés. C'est là qu'il avait supervisé, avec l'apport de son "Carter Center", les élections palestiniennes de ‎‎1996, de 2005 et surtout de 2006 qui ont permis aux palestiniens de choisir les candidats du Hamas pour gouverner.‎
Dans ce livre, Carter assimile la politique Israélienne actuelle dans les territoires palestiniens à un «système ‎d’apartheid». Il taxe Israël d'être un Etat «totalement dominant» qui réprime par la violence «en privant les Palestiniens ‎de leurs droits humains fondamentaux». Il ajoute que «le peuple juif supporterait en Israël ou ailleurs un gouvernement ‎qui institutionnalise l’oppression sur une base ethnique».‎
Concernant les relations entre les Etats-Unis et Israël, il critique l’appui inconditionnel à l’Etat hébreu, qui pour les ‎chrétiens évangéliques de son pays (Carter lui-même est un pasteur baptiste) fait partie de la «politique étrangère de ‎Dieu». Le violent tollé soulevé notamment par les sionistes et les pro-sionistes de tous bords contre l'aveu de cet ex-‎président démocrate, continue de plus belle sans qu'il continue pour autant à faire la une des médias.‎
Pour calmer un peu les esprits et modérer ses propos devant les citoyens juifs des Etats-Unis, Carter s'est trouvé conduit ‎à écrire un article que j'ai reçu par e-mail de la part de voltairenet.org, traduit en français et que je reproduis ci-après pour ‎la curiosité de ceux qui ont ou pas encore lu ce livre-repère d'un auteur-témoin.‎
RAFRAFI
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Aux citoyens juifs des États-Unis
Par Jimmy Carter*‎


Une vive polémique s’est développée aux États-Unis après la parution du livre de l’ancien président Carter, Palestine : la paix, pas ‎l’apartheid ! Répondant à ses détracteurs juifs, le politicien et prêcheur baptiste a circonscrit son propos. Il a maintenu sa ‎dénonciation de la situation dans les territoires occupés et a retiré ses critiques relatives au régime politique en Israël même. A ‎défaut de calmer l’AIPAC, ce compromis semble avoir satisfait l’électorat juif états-unien. (voltairenet.org)‎
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Au cours de ma récente tournée de dédicaces de mon livre, j’ai signé plus de 100 000 exemplaires, et j’ai été interviewé ‎par plus de cent médias.‎
Le plus impressionnant fut pour moi ma rencontre avec les dirigeants du Consistoire de l’Agglomération de Phoenix, qui ‎avaient annoncé, avant mon arrivée, qu’ils manifesteraient afin de protester contre mon ouvrage. Quand ils m’ont invité à ‎les rencontrer, j’ai immédiatement accepté. Les six rabbins (trois hommes et trois femmes) et moi-même, nous fûmes les ‎seules personnes présentes, à l’exception d’une équipe de cameramen sous la direction de Jonathan Demme, qui ‎réalisait un documentaire sur moi et l’action du Carter Center. M. Demme a indiqué alors qu’il y avait [dehors] un groupe ‎tout aussi important de citoyens juifs, qui manifestaient leur soutien à mon livre, et [plus important] à l’exhortation à la ‎paix dont il se veut le vecteur.‎
Nous avons tout d’abord débattu du traité de paix que j’ai négocié [personnellement] entre Israël et l’Égypte, en 1979, ‎ainsi que de la Commission sur l’Holocauste, dont j’ai annoncé la création à l’occasion du trentième anniversaire de la ‎création d’Israël. Cinq de mes interlocuteurs avaient lu la totalité de mon livre, et un autre ne l’avait lu qu’en partie. J’ai ‎répondu à leurs questions sur le texte et sur son titre : Palestine : la paix, pas l’apartheid ! J’ai souligné, comme je l’avais ‎d’ailleurs fait tout au long de ma tournée de dédicaces, que le livre porte sur les conditions et les événements dans les ‎territoires palestiniens, et non en Israël, où existe une démocratie comportant toutes les libertés dont nous jouissons aux ‎États-Unis, et où les Israéliens, juifs et arabes, se voient garantir les mêmes droits, en tant que citoyens.‎
Nous avons débattu du mot « apartheid », que j’ai défini comme la ségrégation forcée entre deux peuples vivant sur le ‎même territoire, l’un d’entre eux dominant et persécutant l’autre. J’ai dit clairement dans le livre, et dans ma réponse à ‎ces rabbins, que le système d’apartheid prévalant en Palestine n’est pas basé sur le racisme, mais sur la convoitise ‎d’une minorité d’Israéliens pour les terres palestiniennes et sur la répression des protestations qui en résultent, et qui ‎impliquent la violence. Mgr Tutu, Nelson Mandela et d’éminents Israéliens, dont l’ex-procureur de la République Ben Yair, ‎qui a été en fonctions sous des Premiers ministres tant du Likoud que du Parti travailliste, ont utilisé et explicité cette ‎qualification en des termes bien plus durs que moi, faisant observer que cette cruelle oppression est contraire aux ‎préceptes de la religion juive ainsi qu’aux principes fondamentaux de l’État d’Israël.‎
Ayant voyagé partout dans la Terre Sainte au cours des trente-trois années écoulées, en particulier dans les territoires ‎occupés, je suis qualifié pour décrire la situation à partir de mes propres observations. De plus, le Carter Center a ‎supervisé les élections palestiniennes de 1996, de 2005 et de 2006, ce qui exigeait un engagement intime et exhaustif ‎avec des citoyens palestiniens : des candidats, des édiles publics et aussi les plus hauts dirigeants politiques israéliens, ‎qui contrôlaient les check points partout à l’intérieur de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, et toutes les facettes du ‎déroulement de ces élections à Jérusalem Est.‎
J’ai dit très clairement que je n’ai jamais clamé que les juifs états-uniens contrôleraient les médias, mais j’ai réitéré que le ‎parti pris écrasant en faveur d’Israël a pour origine des chrétiens comme moi-même, à qui on a enseigné depuis ‎l’enfance à honorer et à protéger le peuple élu de Dieu, duquel est issu notre sauveur, Jésus Christ.‎
Un facteur supplémentaire, en particulier dans l’arène politique, est la puissance influence de l’AIPAC, qui exerce sa ‎mission légitime consistant à expliciter les politiques actuelles du gouvernement israélien, et à susciter un maximum de ‎soutien dans notre pays.‎
Or, il n’y a aucune expression d’opposition à cela. Je connais bien les actes d’extrême violence qui ont été perpétrés ‎contre des civils innocents, et je comprends la peur qu’ont beaucoup d’Israéliens que les menaces contre leur sécurité et ‎même contre leur existence, en tant que nation, restent présentes. J’ai redit ma condamnation catégorique de tous ces ‎actes de terrorisme.‎
La question des propositions que je formule pour le Moyen-Orient m’ayant été posée, je les ai résumées par l’appel aux ‎membres du Hamas et aux autres Palestiniens les exhortant à renoncer à la violence et à faire leur l’engagement pris par ‎les nations arabes en 2002 : reconnaissance totale du droit d’Israël à exister en paix à l’intérieur de ses frontières ‎légalement reconnues de 1967 (à modifier éventuellement par accord mutuel et des échanges de territoires). Cela serait ‎conforme aux résolutions de l’Onu, à la politique officielle des Etats-Unis, à l’engagement pris à Camp David en 1978 et ‎à Oslo en 1993, ainsi qu’aux principes du Quartette international, « La Feuille de Route vers la paix ».‎
Une mesure immédiate serait la reprise de conversations de paix entre Israël et les Palestiniens, interrompues désormais ‎depuis six ans. Le président Mahmoud Abbas est le porte-parole officiel des Palestiniens, ainsi que le Président de ‎l’Autorité nationale palestinienne et de l’Organisation de Libération de la Palestine, et il en a appelé de manière constante ‎à des pourparlers de paix. J’ai demandé aux rabbins de rejoindre un effort visant à inciter le gouvernement israélien à se ‎conformer à cette proposition.‎
De plus, j’ai fait observer que le peuple palestinien était privé des besoins vitaux élémentaires par les restrictions ‎économiques qui lui sont imposées par Israël et les Etats-Unis, au motif que 42 % des Palestiniens ont voté en faveur ‎des candidats du Hamas aux dernières élections. Des enseignants, des infirmières, des policiers, des pompiers et ‎d’autres employés ne sont plus payés, et l’ONU a fait savoir que les réserves de nourriture, à Gaza, équivalent à celles ‎dont disposent les familles les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne, la moitié des familles survivant en ne faisant ‎qu’un unique repas quotidien. Mon autre requête était que les citoyens juifs états-uniens contribuent à rendre moins lourd ‎le calvaire des Palestiniens.‎
Le président du groupe, le Rav Andrew Straus, suggéra alors que je dise clairement à tous les juifs états-uniens que mon ‎utilisation du terme « apartheid » ne s’applique pas à la situation à l’intérieur d’Israël, que je reconnais la profonde ‎préoccupation des Israéliens causée par la menace terroriste et les autres actes de violence commis par certains ‎Palestiniens, et que la majorité des Israéliens veulent sincèrement vivre en paix avec leurs voisins. Le but de cette lettre ‎est précisément de rappeler ces points.‎
Nous avons ensuite formé un cercle en nous tenant par la main, tandis qu’un des rabbins priait. J’ai dédicacé des ‎exemplaires de mon livre, comme mes interlocuteurs m’en avaient prié, et l’aumônier juif des armées, le Rav Bonnie ‎Koppell m’a offert un livre de prières.‎
J’ai consacré une bonne partie de ma vie d’adulte à tenter d’amener la paix à Israël, et ma prière personnelle sera pour ‎que tous ceux d’ entre nous qui veulent voir les Israéliens jouir d’une paix durable avec leurs voisins se joignent à cet ‎effort collectif.‎
Sincèrement
Jimmy Carter


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‎* Le pasteur baptiste Jimmy Carter est ancien président des Etats-Unis (1977-1981). Il a reçu le prix Nobel de la paix 2002 et préside le Carter ‎Center à Atlanta.

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Commentaires

Une chose me tracasse... Pourquoi faire référence à la religion?

Écrit par : MG | mardi, 16 janvier 2007

Cher ami
Je ne sais pas si vous faites allusion à Carter à Israël ou à Voltairenet ! Je comprends toutefois, votre réaction. ‎Mais la religion est devenue, hélas, une référence politique pour plusieurs. La citation attribuée à Andrée ‎Malraux disant "le vingt-et-unième siècle sera religieux ou ne sera pas", semble se confirmer au fil des ‎cinq dernières années… le néo-conservatisme américain qui guidait Bush dans tout ce qu'il fait, se réfère ‎à la religion (judéo-chrétienne). Le Sionisme, que beaucoup de laïcs européens soutiennent par mauvaise ‎conscience antisémitique, se réfère aussi à la religion (juive). Sans parler d'autres religions fortement ‎politisées, l'islam, l'Hindouisme…‎
Le problème, mon cher ami, ce n'est pas de se référer à la religion mais plutôt de s'en servir pour ce ‎qu'elle n'est pas… Tenez, l'abbé Pierre par exemple, étant lui-même religieux, il n'a jamais invité les sans-‎abris à prier ni les Églises à s'occuper de ces derniers.‎
À bientôt
RAFRAFI ‎

Écrit par : RAFRAFI | lundi, 22 janvier 2007

Tant que les hommes s'obstineront à méler leurs Dieux aux affaires du Monde, il n'y aura pas de paix possible.

C'est ainsi depuis la nuit des temps.

Que chacun, au fond de sa conscience prie s'il croit, et pense à autre chose s'il ne croit pas.

Et qu'il oublie son Dieu quand il est au milieu de ses frères, les hommes.

Que m'importe à moi que ceux dont les aïeux reçurent, d'un Dieu auquel je ne crois pas, une Terre Promise au Peuple Elu, s'en estiment aujourd'hui les légitimes propriétaires.
Et ceux qui s'installèrent là, depuis des siècles, ne sont-ils pas chez eux ?
Plutôt que de se battre, qu'ils se parlent, comme peuvent se parler les hommes.
Une fois la Paix venue, il sera toujours temps de savoir qui, du Dieu des Chrétiens, de celui des fils de David, ou du prophète sans visage à la jument blanche , est le meilleur.

A bientôt...

Écrit par : Crabillou | jeudi, 25 janvier 2007

J’ai consacré une bonne partie de ma vie d’adulte à tenter d’amener la paix à Israël, et ma prière personnelle sera pour ‎que tous ceux d’ entre nous qui veulent voir les Israéliens jouir d’une paix durable avec leurs voisins se joignent à cet ‎effort collectif.‎
Sincèrement
Jimmy Carter

Paroles de sage. Carter a tout dit....

Écrit par : Mohamed El jerroudi | dimanche, 04 février 2007