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jeudi, 29 janvier 2009

Mon pauvre Jean-Moïse

Gaza+Border+Tense+Death+Toll+Rises+kmfZ0BUQXS4l.jpgJe comprends sincèrement votre complainte auprès de Shimon Peres qui préside, à présent en votre nom, cet État d'Israël que le Général De Gaulle, à juste titre, avait (le 27 novembre 1967) déjà qualifié de « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur» avant d'ajouter « Maintenant, il (Israël) organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme» . De Gaulle n'a pas eu le Prix Nobel de la Paix, Shimon Peres, si. Et ce au mépris de ses victimes civils à Qana, à Jenine et aujourd'hui à Gaza. Ses deux co-nobélisés, Rabin et Arafat, ont payé de leur vie leur engagement pour la paix, le premier, tué de deux balles par un jeune extrémiste juif (Ygal Amir) et le deuxième, empoisonné, semble-t-il, par des agents d'un vieil extrémiste juif (Ariel Sharon). Et Peres continue curieusement à profiter de son Nobel (même à bord d'un avion militaire: photo ci-contre). Je ne vais pas m'étaler sur le passé et le présent de votre président que vous connaissez surement mieux que moi. Mais, Cher écrivain, permettez-moi de vous saluer pour ce poignant témoignage (paru dans le journal Le Monde) que vous adressez à Perez et de le reproduire ici pour mes visiteurs :

RAFRAFI

Effacez le nom de mon grand-père à Yad Vashem
par Jean-Moïse Braitberg

Monsieur le Président de l'État d'Israël, je vous écris pour que vous interveniez auprès de qui de droit afin que l'on retire du Mémorial de Yad Vashem dédié à la mémoire des victimes juives du nazisme, le nom de mon grand-père, Moshe Brajtberg, gazé à Treblinka en 1943, ainsi que ceux des autres membres de ma famille morts en déportation dans différents camps nazis durant la seconde guerre mondiale. Je vous demande d'accéder à ma demande, monsieur le président, parce que ce qui s'est passé à Gaza, et plus généralement, le sort fait au peuple arabe de Palestine depuis soixante ans, disqualifie à mes yeux Israël comme centre de la mémoire du mal fait aux juifs, et donc à l'humanité tout entière.
Voyez-vous, depuis mon enfance, j'ai vécu dans l'entourage de survivants des camps de la mort. J'ai vu les numéros tatoués sur les bras, j'ai entendu le récit des tortures ; j'ai su les deuils impossibles et j'ai partagé leurs cauchemars.
Il fallait, m'a-t-on appris, que ces crimes plus jamais ne recommencent ; que plus jamais un homme, fort de son appartenance à une ethnie ou à une religion n'en méprise un autre, ne le bafoue dans ses droits les plus élémentaires qui sont une vie digne dans la sûreté, l'absence d'entraves, et la lumière, si lointaine soit-elle, d'un avenir de sérénité et de prospérité.
Or, monsieur le président, j'observe que malgré plusieurs dizaines de résolutions prises par la communauté internationale, malgré l'évidence criante de l'injustice faite au peuple palestinien depuis 1948, malgré les espoirs nés à Oslo et malgré la reconnaissance du droit des juifs israéliens à vivre dans la paix et la sécurité, maintes fois réaffirmés par l'Autorité palestinienne, les seules réponses apportées par les gouvernements successifs de votre pays ont été la violence, le sang versé, l'enfermement, les contrôles incessants, la colonisation, les spoliations.
Vous me direz, monsieur le président, qu'il est légitime, pour votre pays, de se défendre contre ceux qui lancent des roquettes sur Israël, ou contre les kamikazes qui emportent avec eux de nombreuses vies israéliennes innocentes. Ce à quoi je vous répondrai que mon sentiment d'humanité ne varie pas selon la citoyenneté des victimes.
Par contre, monsieur le président, vous dirigez les destinées d'un pays qui prétend, non seulement représenter les juifs dans leur ensemble, mais aussi la mémoire de ceux qui furent victimes du nazisme. C'est cela qui me concerne et m'est insupportable. En conservant au Mémorial de Yad Vashem, au cœur de l'État juif, le nom de mes proches, votre État retient prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l'otage d'une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l'abomination qu'est le déni de justice.
Alors, s'il vous plaît, retirez le nom de mon grand-père du sanctuaire dédié à la cruauté faite aux juifs afin qu'il ne justifie plus celle faite aux Palestiniens. Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma respectueuse considération.
________________________________________
Jean-Moïse Braitberg est écrivain.


Source: Article paru dans l'édition du journal Le Monde du 29.01.09

22:35 Publié dans actu | Lien permanent | Commentaires (9) |  Facebook | |

Commentaires

Très émue en lisant cette lettre, je l'ai également publiée.
Je ne peux que saluer de la même manière le courage et l'intelligence de cet écrivain.

Merci également pour le rappel historique en en-tête cher Rafrafi.

Amitiés. Monique

Écrit par : Monique | vendredi, 30 janvier 2009

Je constate que ce blog émet toujours en mémoire de ....! je vois que vos articles sont toujours aussi percutants. Félicitation. @mitié pour 2009

Écrit par : wira | dimanche, 01 février 2009

On ne peut se coucher devant des chars, on ne peut arrêter les bombes et les avions... on ne peut pas grand chose si ce n'est avoir le courage d'effacer un nom de la mémoire collective parce qu'on ne veut pas qu'il soit associé à, ce qu'il faut bien appeler, un massacre.

Merci pour ce geste cher Jean Moïse.

Écrit par : mG | jeudi, 05 février 2009

émue également
par la révolte
le courage
la détermination

amicalement

Écrit par : jeanne_01 | samedi, 07 février 2009

Bonjour
Et merci d'avoir si aimablement diffusé ma tribune.
Je tiens cependant, si vous le voulez bien, à préciser un certain nombre de points, pour éviter tout malentendu et afin que les choses soient claires sur mes intentions:

1- Je ne suis pas juif. Je ne le suis pas d'un point de vue traditionnel puisque ma mère n'est pas juive, mais je ne le suis pas non plus parce que je suis un athée matérialiste.

2- Ceux qui pensent que j'ai écrit ce texte en tant que juif se trompent. Les crimes commis par les nazis contre les juifs ont été jugés à Nurenberg comme étant des crimes contre l'humanité. Le judéocide concerne donc tous les humains et pas seulement les juifs. Ce n'est pas parce que j'ai eu un grand père gazé que j'ai plus de droit sur sa mémoire que n'importe lequel d'entre vous. Les morts n'appartiennent à personne et nous avons tous les mêmes ancêtres. Il n'y a ni géographie ni temps dans la mort.

3- Ma démarche est symbolique. Je ne crois pas que quelqu'un continue à vivre après sa mort, même si nous pensons à lui ou si son nom est gravé dans le marbre. Contrairement aux religions je pense qu'il n'existe pas le moindre point de passage entre les vivants et les morts. Même si l'on y colle des termes "laïques" comme "devoir de mémoire" ou "culte du souvenir". Bref, je ne crois pas au spiritisme.

4- je pense, comme cité dans l'avant propos du livre de Shlomo Sand "Comment le peuple juif fut inventé" qu' "Une nation(...) est un groupe de personnes unies par une erreur commune sur leurs ancêtres et une aversion commune envers leurs voisins".
Cela vaut pour les israéliens comme pour les palestiniens.

5- Les islamistes du Hamas, comme tous les cinglés religieux me font horreur. Ce sont des abrutis fascistes qui méprisent les femmes et tuent les progressistes. Ce n'est pas parce que les Israéliens les bombardent -ce que je désapprouve totalement- que je vais les trouver sympathiques.

6 - Israël doit disparaître en tant qu'état juif et renaitre sur le territoire historique de la Palestine en tant qu'état laïque qui ne serait lié ni à la ligue arabe ni au congrès juif mondial où chaque citoyen quelle que soit son origine pourrait vivre en paix dans la dignité. Comme en France, en somme.
Mais on peut rêver.

Salut et Fraternité
Jean-Moïse Braitberg

Écrit par : Braitberg | dimanche, 08 février 2009

Bonjour,

Il convient de préciser en effet que la nature de ce qui révolte n'est pas dans le soutien de tel ou telle pour son appartenance à une communauté, mais bien dans ce que les faits ont d'effroyable et d'irrespectueux de ce qu'unanimement le monde appelle le bon droit, de ce qui constitue les fondements de l'humanité.

Une telle injustice ne doit pas se conforter sur la mémoire des martyrs et de tous ceux qui sont morts pour que vive l'humanité, toute humanité, dans la paix et le respect de l'autre.

Merci Rafrafi et à Mr Braitberg de donner à ne pas oublier cette dignité-là.

Amitiés. Monique

Écrit par : Monique | dimanche, 08 février 2009

Cher Jean-Moïse
D’abord, je vous remercie de vous donner la peine de déposer ce précieux commentaire et de préciser certains points autour de votre tribune. Il est vrai que je ne vous connaissais pas auparavant. Mais, à mon sens, cela ne change pas grande chose, à ce que vous soyez juif ou à moitié juif ou carrément non juif. Car votre lettre ouverte aurait pu (et aurait du) être écrite par quiconque voit sa mémoire instrumentalisée à d’autres fins que les siennes.
Plusieurs autres points dont vous et moi-même avons de commun : date de naissance, carrière journalistique, vocation littéraire, le bon vin (j’apprécie le Bourgogne), ce qui peut-être, faciliterait entre nous une certaine concorde d’idées. Toutefois, je ne peux pas vous suivre sur le cinquième point de votre commentaire qui décrit le Hamas. Je vous invite même à le modérer. Je le trouve comme cliché. Votre profil d’écrivain journaliste ne permet pas ce genre de jugement simplificateur (j’en parle dans ma note suivante). D’autant plus qu’Israël ne bombardent pas réellement le Hamas mais la population Gazaouie (nuance). Quoique je comprends, mais sans justifier, cette lecture de votre part envers le Hamas : Comme moi, vous êtes d’une génération grandie dans un contexte intellectuel à dominance laïque et de gauche, où la citation attribuée à Malraux « le vingt et unième siècle sera religieux ou ne sera pas » semblait à l’époque anachronique et réactionnaire. Les événements d’aujourd’hui semblent lui donner raison quelque part. Aussi je vous comprends parce qu’après avoir parcouru les réactions qu’avait suscité votre lettre ouverte, j’imagine la rude tâche que vous vous donnez pour contre-peser les diatribes de certains de vos critiques. Je ne parle pas évidemment de ceux qui vous cherchent la petite bête (pathologique) rien que pour essayer de vous déstabiliser psychologiquement. Là, par votre lucidité, vous en êtes sorti indemne. Du moins je l’espère.
Quant au sixième et dernier point de votre commentaire, là j’aperçois la charte de l’OLP qui stipulait presque le même objectif de créer un seul État laïque où juifs, chrétiens et musulmans coexistent pacifiquement. Cet article de ladite Charte a été supprimé par Arafat (devenu caduque selon son expression) et ce sous la pression incessante des européens y compris la France, qui optaient plutôt pour deux États plutôt qu’un seul. C’était le processus d’Oslo. Sur ce point il faudrait nuancer tout de même, deux aspects : l’appartenance à la ligue arabe n’a rien de religieux. Des pays musulmans, tels que l’Iran, la Turquie, La Bosnie, le Tchad, l’Indonésie…etc., ne peuvent pas adhérer à cette ligue pour la toute simple raison qu’ils ne sont pas des pays arabes quoique musulmans. L’arabité ici est donc une appartenance historico-culturelle et non pas religieuse. Le deuxième aspect, c’est lorsque vous comparez ce futur État, dont vous rêvez, à la France. Ce serait trop beau… en France il n’y a pas à ma connaissance de lieux saints (sauf peut-être Lourdes pour certaines âmes légères), mais en Terre trois fois sainte, il n’a y pas de quoi prendre des vessies pour des lanternes. C’est un focus mondial poltico-spirituel pour des milliards de fidèles. Tellement délicat qu’une simple idée finit par y être compliquée, comme dirait De Gaulle.
Enfin, cher Jean Moïse, je ne peux que respecter votre courage moral, déjà vénéré par le philosophe musulman médiéval al-Fârâbî, qui en voit un facteur essentiel pour une bonne citoyenneté mais aussi pour une sage autorité.
RAFRAFI

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Chère Monique
Bonjour
Je n’ai pas bien saisi le premier paragraphe de ton commentaire (peut-être que ça me dépasse, si tu peux le reformuler STP!) Par contre j’admire toujours ton insistance sur la question de l’injustice qui dynamite la quasi-totalité des rapports interhumains.
Merci pour ton assiduité.
RAFRAFI

Écrit par : RAFRAFI | lundi, 09 février 2009

Re- bonjour Rafrafi

Je veux dire que ce qu’il y a de révoltant dans le comportement d’un peuple n’est pas son appartenance ou sa croyance à ce qui fait l’essence de sa Foi, quelle qu’elle soit,
mais que c'est l’utilisation que ce peuple fait de cette Foi pour justifier le non-respect des règles du vivre ensemble, c’est-à-dire, le Droit des peuples, de tous les peuples à son autodétermination ainsi que celle de chaque individu et l’obligation qui en découle de respecter l’autre.

En considération du droit des palestiniens à vivre leur autodétermination sur leur terre palestinienne, droit non respecté par les israëliens sionistes,
Je veux dire que chaque fois qu’on abandonne un peuple à son triste sort, c’est tout l’équilibre du monde
qui s’en trouve perturbé sachant l’interdépendance de chacun sur l’ensemble et tout ce qui constitue notre système vivant.

Je veux dire que le non-respect de ces règles incontournables - car grâce à elles le monde peut vivre dans un certain équilibre, le non-respect devrait être considéré par la communauté internationale avec la plus grande fermeté de rejet.

Je veux dire que dans le cas du sionisme, ces règles sont transgressées par ceux qui se revendiquent d’une volonté divine pour réduire un peuple à la portion insignifiante – de plus en plus insignifiante - en lui volant ses terres, en muselant chez lui toute possibilité de révolte, jusqu’à probablement sa totale disparition.

Je veux dire que les fondements de l'humanité sont sérieusement ébranlés lorsqu'on accepte ce que les sionistes s'autorisent sur la Palestine et les palestiniens.

Voilà Rafrafi, j'ai un sentiment très fort de l'interdépendance de toutes nos actions entre elles et je me sens pour cela concernée.

Je souhaite avoir été plus claire. Amitiés. Monique

Écrit par : Monique | mardi, 10 février 2009

Merci Monique
Y a pas plus clair. C'est presque une charte de principes que tu viens d'écrire, et que tous les responsable des Instances Internationales dont notamment l'O.N.U (Organisme né handicapé) devront accrocher sur les murs de leurs bureaux climatisés, afin de se rafraîchir la mémoire régulièrement.
Merci encore
RAFRAFI

Écrit par : RAFRAFI | mardi, 10 février 2009