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samedi, 23 juin 2007

La douce des anges

medium_nazek2.jpgLorsque j'ai écrit la note précédente sur la poète irakienne Wafa Abd al Razaq, et y cité Nazek Al- Mala'ika, je ne savais pas que les jours de celle-ci étaient brusquement comptés. En effet, l'irakienne Nazek al Mala'ika, n'est plus depuis mercredi dernier. Elle s'est éteinte à l'âge de 84 dans un hôpital cairote en Egypte, à la suite d'une chute brutale de sa tension artérielle. Ce n'était pas à cause de son premier poème qu'elle avait écrit (en 1932) à l'âge de dix ans, qu'elle était devenue célèbre. Mais cette précocité poétique témoignait déjà d'une aptitude ultérieure à jouer un rôle dans le renouveau poétique arabe. C'est ce qui est arrivé en 1947, date à laquelle, Nazek avait inauguré l'ère de la modernité poétique arabe en publiant le fameux poème "le choléra".
Ce poème avec un autre intitulé "Etait-il un amour ?", écrit la même année par son compatriote le poète Badr Shakir al Sayyab, (1926 - 1964) étaient considérés par les critiques comme les prémices du vers-librisme.
"Le choléra" avait figuré parmi les poèmes du premier recueil de Nazek paru à la même année à Bagdad sous le titre de "Amoureuse de la nuit" suivi par "Des éclats et de la cendre" (1949), "Le fond de la vague" (1957), "Arbre de la lune" (1968) et "La mer change ses couleurs" (1970). En outre de sa poésie, elle publie en 1962 une étude littéraire sur "Les questions de la poésie moderne" suivie en 1974 par une autre, sociologique, sur "le divisionnisme dans la société arabe", puis en 1992, "Psychologie de la poésie" et enfin en 1997 au Caire, un recueil de nouvelles ayant pour titre "Le soleil qui est derrière la cime".
Diplômée de l'université des arts de Bagdad en 1944, elle a aussi obtenu en 1954 la maîtrise en littérature comparative de l'université du Wisconsin aux Etats-Unis, après avoir appris le latin, l'anglais et le français. Son nom de connotation arabo-persique, Nazek Al-Mala'ika, qui se traduit par "la douce des anges", est l'un des noms de femme les plus cités dans le monde arabe et dans les milieux universitaires dans d'autres pays.
Son poème précurseur "le choléra" était également prémonitoire compte tenu de son contenu révélateur. L'atmosphère de la mort et de la désolation que propage "Le choléra", écrit voici 60 ans, règne aujourd'hui dans son Irak natal voire dans toute la région de l'orient arabe. De même que son inspiration de l'épidémie qui, au début du XVIIIème siècle, s'est développée en Égypte avant d'arriver en Europe, annonçait curieusement déjà sa propre mort, voici deux jours, en Egypte où elle s'est réfugiée depuis quelques années.
En dernier hommage à cette grande poète arabe d'Irak, je vous propose ci-après ma traduction de la première strophe de ce fameux poème suivie par sa version originale pour les plus exigeants parmi vous.
Rafrafi

le choléra
Nazek Al-Mala'ika
Bagdad 1947


La nuit est calme,
écoute cet impact des soupirs
sur les morts,
à travers ce silence
et au cœur de cet obscurité.
Des cris s'élèvent
et trépident,
un chagrin se dégage, s'attise
et fait osciller l'écho des gémissements.
Ebullition dans chaque cœur,
et désolation dans la paisible hutte.
Partout une âme hurlant dans les ténèbres,
partout une voix qui pleure.
C'est ce que la mort avait déjà lacéré
Oui c'est la mort, la mort, la mort.
Ah ! Quelle grosse peine pour le Nil,
causée par ce qu'avait fait la mort.


medium_nazek300.jpg

الكوليرا - لنازك الملائكة
بغداد 1947






سكَن الليلُ
أصغِ إلى وَقْع صَدَى الأنَّاتْ
في عُمْق الظلمةِ, تحتَ الصمتِ, على الأمواتْ
صَرخَاتٌ تعلو, تضطربُ
حزنٌ يتدفقُ, يلتهبُ
يتعثَّر فيه صَدى الآهاتْ
في كل فؤادٍ غليانُ
في الكوخِ الساكنِ أحزانُ
في كل مكانٍ روحٌ تصرخُ في الظُلُماتْ
في كلِّ مكانٍ يبكي صوتْ
هذا ما قد مَزّقَهُ الموتْ
الموتُ الموتُ الموتْ
يا حُزْنَ النيلِ الصارخِ مما فعلَ الموتْ

04:15 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (11) |  Facebook | |

Commentaires

bonjour rafrafi!
merci pour cette découverte " la douce des anges" !!
tu me donnes envie de chercher ses écrits !

Écrit par : naufrage | lundi, 25 juin 2007

Tu nous fait toujours découvrir des poètes surprenant . je lis et relis . Et que de mélancolie comme j'aime dans l'écriture. Mélancolie notre danseuse !! c'est très juste Merci

Écrit par : Bruno | lundi, 25 juin 2007

Merci pour ta note et pour cette poétesse que j'avais découverte dans la note précédente. Tu ne pourrais pas écrire un peu plus souvent ? tu vas désormais faire partie de mes liens et tu ne peux pas savoir ce que je suis enquiquineuse ! Pour l'instant tu vas dans la liste des relations et si tu veux gagner le paradis des artistes écrivains poètes (ce que tu es) il va falloir écouter ta muse. Très amicalement. Ariaga.

Écrit par : ariaga | lundi, 25 juin 2007

elle est partie
ça fait plusieurs fois que je passe ici
sans rien dire, sans rien écrire
simplement touchée
et par la mort
et par les mots
cordialement

Écrit par : jeanne | lundi, 25 juin 2007

Je vous remercie de votre visite sur mon blog et je vais prendre le temps de parcourir le votre. Cordialement.

Écrit par : mohamed | lundi, 25 juin 2007

A Ariaga
Si je ne pourrais pas écrire un peu plus souvent ? Tu as raison. Ce n'est ni de la paresse ni de la négligence. Tout simplement faute de temps. Je t'envie d'ailleurs pour le temps dont tu disposes et pour entretenir régulièrement ton magnifique blog et pour suivre assidûment et attentivement les blogs de tes amis. Toutefois je dirais, m'inspirant d'Antoine de RIVAROL qui dit « La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse ». Ainsi je pourrais aspirer à gagner ton "paradis des artistes écrivains poètes".
Avec toute ma sincère amitié blogsphérique.
Rafrafi

Écrit par : RAFRAFI | mardi, 26 juin 2007

Tu as raison, qui va lentement va surement et puis tu sais je faisais un peu d'humour. Pour le temps, si tu savais comme j'ai du mal à le trouver...Ce n'est pas le paradis ! Amitiés.

Écrit par : ariaga | mardi, 26 juin 2007

merci pour ce poème que je ne connaissais pas, c'est profond et tout sauf anodin. merci encore
c'est une grande dame,paix à son âme

Écrit par : cocole | vendredi, 29 juin 2007

Poème déchirant et étonnant qui parvient sans fioriture à distiller une atmosphère de souffrance et de mort... Amitiés.

Écrit par : aliscan | vendredi, 29 juin 2007

Merci Rafrafi de nous faire découvrir la douce des anges .Tu me donnes envie de chercher ses livres surtout qu'elle n'est pas seulement poète mai aussi essayiste comme tu l'as signalé .J'espère pouvoir trouver ses poèmes et ses livres : psychologie de la littérature et le divisionnisme dans la société. Combien nous avons besoin, dans le monde arabe, de voire fleurir la pensée des femmes.

Écrit par : BEN YAGHLANE | samedi, 30 juin 2007

Hello,

Ca fait longtemps, (trop?) longtemps. Mais me voici dévorant tes - j'ai pris le parti de te tutoyer, ca fait un bout de temps qu'on se côtoye - ligne et je me sens triste. La poésie a perdu quelqu'un. Heureusement tu es là pour nous rappeler les merveilles de ce monde.

A bientôt

Écrit par : MG | lundi, 09 juillet 2007