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samedi, 03 mars 2012

Un accès à la lumière

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Parce que sa poésie semble être forcément une raison d’être, et après son dernier recueil Mémoire de l’enfant de la guerre, notre amie irakienne Wafaa Abdul Razzaq vient de publier simultanément deux recueils de poèmes en langue arabe chez deux éditeurs: «L'institution de l’intellectuel arabe» à Sydney en Australie, et «Dar Al-Maarif» à Beyrouth au Liban. Le premier recueil, de 152 pages, intitulé «Je pénètre mon corps.. Je vous pénètre», est préfacé par Dr Ibrahim Abdul Aziz, avec un mot sur la quatrième de couverture par Dr Maslak Mimoun. La première de couverture est illustrée par l'artiste peintre Dr Msadaq Habib.

Le deuxième recueil, de 96 pages, avec le titre «Un accès à la lumière» et un sous titre «une image 2-wafaa.jpget un poème», est préfacé par Dr Abdul Salam Fazzazi, avec aussi un mot sur la quatrième de couverture par le grand poète irakien Saadi Youssef. Ce recueil comprend 24 poèmes inspirés par 24 images publiées en alternance. La première de couverture est illustrée par l'artiste peintre Mme Hamsa Hawwaz.

Du premier recueil «Je pénètre mon corps.. Je vous pénètre», je vous propose cet extrait du poème «Rien dans ma poche, sauf mon enfance» que j’ai traduit de l’arabe:

 


Rien dans ma poche, sauf mon enfance

la bouche du papillon est mon amulette
ses ailes, une prière pour les oiseaux
qui rassure ma robe :
n'aie pas peur
le cœur de ma mère est une bourse,
une provision pour la route,
et un prophète entre mes tresses
son invocation, frissons d’amoureuses
ses noms, la mer
la rivière
l’orage
et la tristesse lumineuse
tout le reste est à distiller.

ليسَ في جيبي غيرَ طفولتي

فمُ الفراشاتِ تميمتي،

أجنحتـُها صلاة ٌ للعصافير

تطمئنُ ثوبي:

لا تخفْ

قلبُ أمـّي صُرَرٌ

وأزودة ٌ للطريق

نبيٌّ بين جدائلي

رعشُ العاشقاتِ دُعاءُهُ

أسماؤهُ البحرُ

النـَّهرُ

العاصفُ

الحزنُ المضيء،

كلُّ ُ ما دونه فليُختـَصَر.

Plusieurs témoignages d'estime ont été déjà rendus à la poésie de Wafaa, mais celui du poète Saadi Youssef, cité plus haut, ne peut que compter beaucoup pour la poétesse qui reconnaît comme beaucoup d’autres d’ailleurs, dont moi-même, la place prestigieuse qu’occupe ce grand poète dans la poésie arabe contemporaine. Pour cette raison aussi, je vous propose son témoignage que j’ai traduit de l’arabe :

« Mme Wafaa Abdul Razzaq (Um Khalid) tient une grande place dans mon estime. Elle est pleine d’âme, généreuse de ses émotions et de son affection, sincère dans ce qu’elle voit, tâtonne et ressent.
Je l'ai écoutée plus d'une fois entonner ses poèmes en dialecte du sud de l'Irak, de Bassora plus précisément.
La passion est dévorante.
Les textes, poèmes d’amour.
*
Maintenant le son de cloche change:
Wafaa Abdul Razzaq écrit dans un arabe hautement classique!
Qu’elle soit la bienvenue dans notre club...
Bienvenue à elle en tant que fidèle à sa passion dévorante, à son thème préféré : l’amour au bord du gouffre.
*
Depuis la poétesse Lami’a Abbas Amara, je n’ai pas bénéficié d’une telle révélation:
Soyons, nous deux, errants
dans le chuchotement des jardins.
Moi sur ton corps
que je porte et avec lequel je me trimbale.
*
"Un accès à la lumière", des accès à la lumière...» (Saadi Youssef) 

 Du second recueil «Un accès à la lumière», je vous propose également un autre extrait :

Ô mon enfant-mer,
Que je te nomme oiseau !
Pour que le bleu s’envole
entre deux prophéties !
Etale tes ailes donc,
et entend l’écho du chant
Mes yeux à l’Est
et mon cœur à l’Ouest
Choisis donc l’orientation
que tu veux
et prend le large
par le biais de mon ivresse.
 يا طفليَ البحر
 لأسميـّكَ طائراً
 كي يطيرَ الأزرقُ

بين نبوءتين

 فاطلق جَناحيكَ

واسمع رجعَ الشدو

 عينايَ شرقٌ

وقلبيَ غرب

 فخذ ما تشاءُ

من اتجاه

 ابحرْ بانتشائي

 A l’occasion de la parution de ces deux recueils, wafaa a accordé une interview au journal électronique «almothaqaf.com». A la question «comment vous présentez-vous ?», Wafaa répond magnifiquement en se référant à ses deux sources essentielles : son enfance et sa patrie. Pour terminer cette note, voici sa réponse :

«Tout simplement.. L’emmaillotage était dans des palmes, le lait c’était la rivière… Les enfants, dit-on, entendaient le bruissement du feu et montaient sur son crépitement. C’était l’ambiance qui régnait. Après sept hoquets j’ai "lancé l'appel" à l’Irak. Mais neuf désastres après, je me suis rendue compte que ma ruine était un jouet entre les mains des tyrans. Après dix vaches maigres, je n'ai pas trouvé Bagdad dans Bagdad, ni Wafaa dans Wafaa. Mon visage n’est plus mon visage, ni ma langue n'est ma langue. Ma démarche est mystérieuse. Et rien dans mon miroir que l’éponge..»

Bravo Wafaa…

RAFRAFI

 


18:53 Publié dans Art, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |